UNIVERSITE DE PARIS-X CENTRE O. R. S. T. O. M. DE...
Transcript of UNIVERSITE DE PARIS-X CENTRE O. R. S. T. O. M. DE...
CONTRIBUTION A L'ETUDE
DE L'ARTISANAT A LOME
(République du TOGO)
UNIVERSITE DE PARIS-X
CENTRE O. R. S. T. O. M. DE LOME
ELISABETH ANTHEAUME
LI N IVE R S l T EDE PAR l S - X
CENTRE DR6TDM de LDME
CQ~iTRIBUTI[1N AL' ETUDE DE L' ARTISM!AT
A L 0 ME - (TOGn)
Elisabeth AI'HHEAUME
Enquêtes r6alisées en 1969
Octobre 1973
INTRODUCTION -
SOMMAIRE
, Pagos
1
PREMIERE PARTIE - PROBLEMCS DE METHODE: LES ENQUETES ••..• 4
CHAPITRE l - LE LIElL DE L'ENQUETE - 4
- SITUATION GENERALE - • • . • • . • • . • • • • • • • • • . • • • • • . . • • • . . • . . 5
- SITE ET DEVELOPPEMEI\lT DE LA VILLE - • . • • • • . • • . • • . • • . • . . . 5
- LES PAYSAGES URBAINS - •. .••••••••..•••••••..••..•.•••. 6
CHAPITRE II - LES METHODES D'ENQUETE -
- LE RECENSEMENT -
- L'ENQUETE EXHAUSTIVE - •..••.•..••.•••••.••••••••.••••..
- DEFINITICIN DE L'ARTISAN - ••.•••.•..•.••••.•.•••••.•..•.
CHAPITRE III - LES DIFFICULTES ET LES LIMITES DE L'ENQUETE
- LE DEPOUILLEMEI\lT DU QUESTIONNAIRE - ••..••••.••••.•••••••
DEUXIEME PARTIE - LES RESULTATS DES ENQUETES -
CHAPITRE l - LES ARTISANS DANS L'ESPACE URBAIN -
.• DESCRIPTION DES LIEUX DE TRAVAIL - ••••••••••.•
- REPARTITION DES ARTISANS DANS L'ESPACE URBAIN -
Répartition générale des "ateliers" .· . ............Répartition des artisans par_ métiers ...........Répartiti.on des artisans par ethnies ...........
- MOBILITE DES Af-1TlSAf\JS OAf\lS L'ESPACE AUrOAHJ
· mouvements entre le domicile ~~ieu de travail
• changements fréquents d'ateliers.'--' -
CHAPITRE II - LES DONNEES STATISTIQUES -
8
8
8
9
13
14
16
17
20
20
21
22
23
25
. Les différents métiers
. Les différentes ethnies
........... " .•••••••• 1 1 •••••••••••••
26
3D
CHAPITRE III - LES STRUCTlIF:ES DE L'ARTISANAT -
- UNE MUTATION DE L'ARTISANAT -
Production de biens mais surtout de services :---'--'--'------.de la création à la réparation
• Qualité des produits et services artisanau~
Pages
36
37
37
40
- LES DONNEES TECHNIQUES -
• Mo>;::ens de production
• outill~e
• Main-d'oeuvre
· . 41
. Quelgues très rares compagnons salariésL
des membre~,de la famille, des apprentis
• Méthodes de producti~
- LES DONNEES ECONO~IQUES -
.................. ........
• • • • • • • • • • • • • • ••• 1 •••••••••••
44
44
Les circuits commerciaux ....... .. . . 44
en amont de la .er:_o_d_u_c_t_i_o_n__l_'_a..p.....p_r_o_v~_·_s_i_o_n_n_e_m_e.;...n_t
en matières ..e.r~mières 44
· en aval de l~oduction commercialisation des
produits 46
• Pas de comptabilité · ' ....... . 47
- LES DONNES SOCIALES -Gemment devient-on artisan 48
Le choix du métier : ........... .......... , . 49
• l'apprentissage: ~contrats
• Eas de cont~at
· contrat traditionnel
· contrat règlement~
• les traditions
49
50
TROISIEME PARTIE - PRClBLEMES ET PERSPECTIVES D' AVENIR -
CHAPITRE l - UNE CRISE DE L'ARTISANAT -
Pages
57
!J7
- LE TEMnIGNAGE DES ARTISANS -
· pas de travail
• des clients sans argent
.......................... 57
58
• mangue de fonds ut difficultés du métier
- L'EVOLUTION ECONOMIQUE ET L'ARTISANAT
• une concurrence très vive des produits imp~rtés
• inada2tation de l'artisanat à l'économie moderne
CHAPITnE II - LES REACTIONS DES ARTISN!S DEVANT LES DIFFICULTES
· le reniement : changement de statut et voyages
• fatalité, religiosité
• le secours du gouvernement
CHAPITRE III - QLlEU~lIES ESPOIRS
- DES ARTISANS HORS CLASSES
- LES PROPOSITIONS DES EXPERTS
CONCLUSION
- ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
- CARTES
- ANNEXES
59
59
60
61
63
64
65
fi7
INTRODUCTION
L'importance du commerce et de l'artisanat dans le paysage
urbain surprend l'étranger dès son arrivée à Lomé: marché important,
véritable batisse à étages ou simples abris de tBle j ferrvnes au coin
des rues vendant toutes sortes d'articles manufacturés, faisant frire
des beignets ou réchauffant des sa.uces ••• hommes, enfants parcourant
la ville, portant sur l'épaule une longue perche pavoisée de vêtements
colorés ••• femmes, fillettes portant sur la tête des cuvettes émail
lées débordantes de légumes et de fruits, criant pour vendre leur
marchandise •••• C'est pour l'Européen, habitué à des structures
commerciales 'plus rigides, l'occasion'd'imàginer les marchands ambu
lants et la vente à la criée qui animaient nos villes autrefois •••
Tout le travail qui se fait au bord de la rue étonne
également : artisans installés sur les trottoirs à l'ombre des arbres j
échoppes de cordonniers, de bijoutiers's1gns14es ~r QuslQup.s .~5S
ou bijoux accrochés à la porte de bois ••• ateliers de tailleurs, de
menuisiers, de mécaniciens; baraques, constructions vétustes et
provisoires abritant un horloger, un coiffeur •••
Plus tard, en pénétrant dans les cours, dans les maisons,
nous avons remarqué que beaucoup d'artisans travaillaient dans une
pièce, ou sous un abri de palme ou de tBle, sans que rien, de l'exté
rieur, n'indique leur présence. Lo nombre des artisans semblait plus
important'qu'une simple promenade en ville ne le laissa.it supposer.
Séduit tout d'abord par le commerce, plus pittoresque,
peut être, nous avons dû abandonner cette idée lorsque nous avons
compris la diversité des commerces africains, les privilèges des
grosses commerçantes couramment appelées revendeuses et~ la mobilité
d'un très grand nombre de petites revendeuses au détail. (1)
(1) Ce phénomène est particulier à la cBte du Bénin. Ce sont lesfemmes qui détiennent la majorité des commerces de gros, demigros et détail. Les plus importantes achètent en gros dansle monde entier ou aux maisons de commerce des produits qu'ellesfont revendre au détail par tout un réseau de sous-revendeuses.
- 2 -
L'artisanat dont les structures économiques se sont
révélées plus archaiques, semblait un monde plus facile à pénétrer,
sans porter préjudico. En étudiant cette activité urbaine nous
pensions découvrir d'autres aspects de la ville.
Nous avons voulu évaluer le nombre des artisans, étudier
leur répartition, connaître leur rôle dans la ville et dans l'économie,
c'est pourquoi nOLiS avons mené une double enqu8te
- un recensement de tous les artisans,
- une enquête détaillée à laquelle ont été soumis tous
les artisans du quartier central, à la fois le plus
ancien, le plus populeux, le plus commerçant, et où
la densité artisanale est la plus importante.
On trouvera en annexe une bibliographie très succincte.
Il était impossible d'inclure tous les ouvrages ou articles portant
sur l'artisanat en général et dans les pays sous-développés en parti
culier. D'ailleurs la plupart de ces publications se sont révélées
d'un intérêt médiocre, n'étant souvent qu'un catalogue des différents
métiers artisanaux ou des remèdes à apporter aux difficultés de
l'artisanat.
àNous nous sommes bornée citer les publications ayant un
intérêt direct pour nous, en particulier celles qui concernaient la
situation économique du Togo et de l'artisanat togolais, ainsi que
tout ouvrage présentant un intérêt méthodologique et pouvant servir
de modèle.
Comme on peut le remarquer, toutes les études faites
sur l'artisanat par les services de la statistique et par des experts,
analysent la situation pour l'ensomble du Togo. Aucune étude appro
fondie n'a été faite à Lomé.
Nous avons d'abord rendu visite à Monsieur KPONTON
(Directeur des services de la statistique) et à quelques uns de ses
agents, et à Monsieur HADZI (chargé de la division de l'Artisanat et
du Tourisme au Ministère du Commerco, de l'Industrie, du Tourisme et
du Plan.
- 3 -
Mais co sont s~rtout les artisans qui ont permis la
réussite do ce travail : par leur accueil l leur bonne volonté, ils
ont fait tout leur pCJssü;lB pOI.P~ répondre à nos questions, et parfois,
se prenant au ,jou. il" 50 scnt fait U:l dovoir de nous enseigner et
de nous critiq'.lGr, d' êtrr3 nos complices.
L'essentiel d3 nos traval:x repose donc particulièrement
sur des sources or'3.1es. E;l Afriq'.le los documents écrits sont criti
quables et le pJ.t~3 SQ.:'v'l::;yG ir";cc:!lplets,mais une mémoire prodigieuse
semble pallier leurs carences.
Quo p8nser dG la valou~ des informations que nous avons
rocueillies ?
Cette mémoire ~ip~ entrainée es~-ello infaillible ? Que
nous restitue·~t-ell[' d'J pe.sse ? Co;n:nent comble-t~elle los oublis ?
Nous ~O'...lS atts.:cda:;;·or:s su~ les r.léthodGS de l'enquête, les
choix quo nous c' ll ons da faire 7 pll~S nous an3.lysGrons les résultats
do ces enquêtes afin do donner l'image la plus exacte possible de
l'artisanat à Lœ13.
Qu'il nous soit pormis de remercier ici
notre directeur de r'[~rr.G~_rG, Monsieur le Professeur Paul PELISSIER
qui nous a conseillé et encouragé au cours de ces rechorches :
Monsieur HAOZI pour son intro~~l;::t:~on aux problèmes de l' artisanat 1
Monsieur HF\USER ~ pa)'::':;)::o~:LolnGue ÈJ. l' O. R. S .T.0. M. ,
Monsieur KPONTON, Madame KOUEVI et tous les agonts des services do
la statistiq'.JO qui nu:J'3 ont a:Jporté leurs conseils et fourni la
documentation nécessaire à nos travaux r
tous les artisans de Lomé et tout citoyen qui au hasard des rues et
des échoppes nous ost venu en aide.
PREMIERE PARTIE - PROBLEMES DE METHDDE LES ENQUETES
Pendant notre séjour de vingt mois à Lomé de 1969 à 197e,
la ville et ses habitants nous sont devenus plus familiers.
La première année a été consacrée à prendre des contacts
nous avons commencé par arpenter les rues de la ville pour découvrir
ses quartiers, ses activités •.• Chaque fois que nous pouvions, nous
avons parlé avec les commerçants 8t les artisans que nous avions
déjà rencontrés; nous avons réalisé quelques reportages photographiques
et nous avons débuté l'étude d'un quartier.
La seconde année, nous avons choisi notre sujet de
recherche et orienté nos investigations vers une m8illeure connais
sance de l'artisanat. Pendant les vacances scolaires, nous avons
consacré tout notre temps à une enquGte sJstématique.
CHAPITRE l LE LIEU DE L'ENQUETE -
Pour avoir une idée d'ensemble, nous avons considéré tout
l'espace urbain continu: la commune de Lomé et le quartier Bè.
Juridiquement le quartier Bè ne dépend pas de la Commune de Lomé,
mais dans l'espace rien n'indique de séparation. (Voir carte nO 2).
Lomé est la capitale du Togo avec plus de 140 000 habitants.
"Elle concentre un treizième de la population totale du territoire,
s'accroit chaque année de cinq à six mille personnes dont la moitié
provient de l'immigration.
Petite bourgade de pêcheurs vers le milieu du XIX è sièc18,
Lomé doit sa fortune à son choix comme capitale, en 1897, par les
Allemands" • (2)
H. ATTIGNON (Professeur au Lycée de Lomé) - Géographie du Togo (ouvrage polycopié) - 89 P - 1965.
- 5 -
SITUATION GENERALE
(Voir carte N° l )
La ville est sitL~éo à l'extrémité Sud-Ouest du Togo, face::
à l'océan Atlantiqu3; à l'O~est, elle est adossée à la fontière
ghanéenne.
Su::." le front de mer ~ unEJ route internationale la relie
aux principales villes de la cÔt8 du Bénin ( Accra, Tema, Cotonou,
Porto-Novo, Lagos). Outre les liaisons routières, Lomé est desservie
par un port en cau profonde, inauguré en 1968 r et, par un aéroport
international dont les pistes s' a.jus·;;ent sans cesse à la taille des
plus récents avions.
Cependant la façade maritime du 10JO n'n/~nt qu'une
cinquantaine de kilomètres, s=n r31e internùtj.o:1al est conc!.JITe:"":cé
par la proximité des mêmes servicws J 80uven~ plus i~portants, offer~s
par les autres métropoles de la CÛ~G du Bénin.
N'ayant GU ~vsqulà présent qu'un reno économique médiocre,
le Togo et en pa::cb c'Jlier sa capitale connaiss8l1t aujourd 1 hui un
certain essor en raison cu récent développement de leur infrastructure,
du libéralisme qui prés:i oh en matière di éCDnomie et bénéficient par
contre-coup, de l ~ :LnstabiEté polit:Lq~:8 des pays voisins : il ne
manque pas dG capit..aux éi:.Tlmg8rs ( allemands, italiens, américains,
canadions, français) pour s'investir dans le pays: la zone indus
trielle du port est en cours d'extension •••
SITE ET DEVELOPPEMENT DE LA VILLE
(Voir carte N° 2) •
Ville récent8, Lomé s'est étendue avec rapidité depuis
la seconde guerre mondiale; située initialement sur le cordon
littoral, S8n plan d'urbanisme remonte à la période allemande.
LO'J1E. Po ....t
·..f
. ~,
~:~
f:~r.(
•
LEGENDE
Route internationale
,Ae....opo....t inle....national
Capitale d •e"ta t
; w •i .â
, .
, :...,.~
,.\,,' .,~~
:~.. ~
N l' GER 1 A
111 1
o ~ DAHOMEY \1 11 \l ,
, '. ', ,,) ,, ,, '1 _, _,""'. r:=.:::::J:~'O'Ri5ï~-;:
1,, T 0 G,,
f,\1,1,
1\\-.."\,,
"
ANAriG
,,.,-,,,
1,1
E
1,/
1,,,,\\\,•~ ..,
\,,\
-~ .."
..
c 0 T
D'\VOIR
•f ,
i'ABIDJA CARTE DE SITUATION 1
Cl 160 km 1.... -_'::::5_0~_-_-__:.~ ______.J
- 6 -
Ville bloquée à l'Ouest par la frontière ghanéenne, elle
s'6tend vers l'Est, dans la cocotoraie, au-delà de l'agglomération
de Bè, pour rejoindre la zone portuaire et industrielle située à
huit kilomètres.
Ville longtemps délimitée au Nord par la lagune, ello
connait une oxtension récente vers le plateau de Tokoin.
Actuellement, elle est dans une phase de transformations
importantes qui modifient ses paysages et perturbent sos activités.
LES PAYSAGES URBAINS -
(Voir carte N° 2: les principaux espaces urbains - les
équipements)
(Voir carte N° 3 les densit6s de population - les principaux
quartiers) -
Lomé répond peu à l'idée que l'on se fait d'une capitale:
les immeubles, les bâtiments massifs, le plus souvent administratifs,
y sont peu nombreux et commencent seulement à surgir.
C'est surtout une ville basse: sur le sable et la terre
ocre rouge, se dressent de petites maisons rectangulaires, en dur et
en banco, au toit de tôle ondulée, plus ou moins sel~ées, plus ou
moins entourées de végétation suivant les quartiers.
Le tissu urbain, très dense au centre, se relache vers
la périphérie :
Le centre, aux fortes densités de population, et, les
axes de communication regroupent l'essentiel des activités du com
merce et de l'artisanat.
A la périphérie, le plateau de Tokoin et la zone portuaire
continuent à recevoir les équipements grands consommateurs d'espace.
Entre les deux, une zone urbanisée de façon anarchique
sa densifie. Il n'est pas rare d'y rencontrer des habitations de
type provisoire à côté de villas r8centes. Dans le quartier Bè des
SITE ET DEVELOPPEMENT DE LOME 2
1
LES PRINCIPAUX EQUIPEMENTS
<D Hôpital
(1) Gendar-mer-ie
<D camp militair-e
o Lycée
G) collèges
o Aéroport Întemotiollc
(2) Port
LES PRINCIPAUX ESPACES URBAINS
~ Ouartier administratiF
B secteur- d'habitations bosses
E83 commerce, ar-tisallat et habitations
f"'l2. zône .·ndustr-ielle
~ 'Extension ur-baine.en cour-s
I~~---~--_.'r---~--JI.
voie Fer-r-ée
Limite du quortier_Be~
Secteur- de l'enquête détoillee
--...
LES PRINCIPAUX AXES DE C.IRCULArioN------.~--
ROutes prinpjpo~
ROute internationale
-, 1 l ,
ATLAN TIQUEo CE A N
..N
i
-/-_0 _
/-------~"-~~~~~~===:;j.-----.J'l~,.,._0-_--
j.,
1...., "
f,__iiiiiiiiiiiiiiiii;;.l..w..a.w....,
+ f +_ 301 a 400
o -1 2km
-1 1 1
.b 'aprir. ~ud& d'urb.. ni.sme: Rapport Ju~tiflc:ab'F d",
plan d ir-eettur
0 0 a 20• x
~ 21 a 100
Itt:J 101 a 200
F::::~ 201 a 300
LOMEDEN51TE5 DE POPULATION A
nombre d'habiront par nectare.
LE5
1 - KodJ~vla.kope~
ad~isha+if.. of,
2- Quartier + ..3- Zongo
4- Tokoin.
5- Bè+
1
OCEAN AT LANTIQUE1 CA)
,~~~=====~==================~~==~============-~_.
- 7 -
concessions de type rural (en terre et matière végétale) côtoient
quelques villas et maisons d'allure plus citadine. Les routes et
chemins so devinent et St· perdent dans le 83ble.
Les limites entre los quartiers sont assez floues, à
l'exception du quartier administratif, du quartier semi-résidentiel
de Kodjoviakopé ot du quartior Zongo (3) qui se distinguent.
Dans les deux premi8j.~;=J quartiers nous avons constaté une
quasi absenco des artisans, En revanche, dans le reste de la ville
leur présence semblait générale, plus ou moins importante, suivant
la situation, la vocation, l'ancienneté du quartier ••• c'était une
impression qu'il s'agissa~t de vérifier.
Doux solutions étaient possibles : réaliser une enquGte
par sondage, ou une enquête globale détaillée. La première solutio~
aurait eu l'avantage de permettre un travail plus rapide et de
donner une connaissance plus approfondie, peut-ètre, des problèmes
sociologiques et économiques. Mais nous voulions avoir une idée très
précise de la répartition, de l'importance et de la variété des
artisans; c'est pourquoi nous avons choisi d'effectuer un recen
sement général des artisans et une onquête détaillée dans certains
quartiers •
-------_._--~.._-----_ ..~-~----------_._---(3) Le Quartier Zongo regroupe les commu~autés islamisées.
CH!\PTIRE II LES METHODES D~ENQUETE--_.._-------
LE RECENSEMENT-
Les doc~ments consultés au Togo (4) nous donnaient
quelques renseignements très intéressants sur la physionomie de
l'artisanat togolais en gÉnéra.l et à Lomé en particulier. Cependant
les chiffres avancés nous ont semblé très différents de ceux que
noUS avions pu évaluer par un sondage très rapj.de •.. Seules avaient
été recensées par les services de la statistique les entreprises
ayant une certaine importance économique. Le plus souvent les enquêtes
n'avaient porté que "su~ les professions qui s'exerçaient dans un
atelier bien visible, ayant pignon sur rue".
Or, comma nous l'avons dit plus haut, nous nous étions
aperçue que des hommes sans atelier, ou travaillant dans un local
vétuste, ou bien chez eux, étaj.ent aussi des artisans. Eux-mêmes
se réclamaient de l'artisanat car ils avaient conscience de s'inscrir8
dans le même système économique. Souvent ils avaient le même matériel,
les m~es méthodes de travail, le même nombre d'apprentis •..
C'est ce ph6nomène que nOIJS voulJons saisir par le
recensement, en faisant du pœ'te à porte, en pénétrant dans toutes
les cours. A chaque atel~.er ou pOlir chaque patron (s'il n'y avait
pas de local) correspondait un nu:r.éro dl ordre inscrit à la fois sur
le plan de la ville et sur un3 fiche de recensement.
L'ENQUETE EXHAUSTIVE -
Pendant que se poursuivait le recensement, nous avons
mené une enquête détaillée pour vérifier nos intuitions et répondre
à un certain nombre de questions concernant :
l'artisanat dans l'espaco urbain
les structures de l'artisanat
(4) Voir bibliographie.
1i~
.f
. !!
.,~
,
.._-~
s-:
~: \.~::
:~~:·.:';·:~:t.b,"'".
4'. .
.:\ ..
.;".-.,<: \<_ ~J..,Ç"
. 'j'
f~{.,!.f~.~ ~:::;,...~:-: -...
.."
• o;~~. ~
.:.··...;l'(
;'.,.r: .''(,
(vo.lrq~estio(l) .
j:".:;"
/"..~.:.....~"-~~
otO""":-.....
~~t:-~:·:\:.[3\tr
'~.\"'. •::: . ~:i; , '
::.~;;~,,?,.;,(:C~~' •.•.'"
"
~--=-
• ...=-. '.""
__ ../0\/
,~ ;.'/'
J'l.
Métier et sexe
Rensei9ne~n.tsobtenuspar:tù~lI,eme,nts
Auires renseignements
~J:"'"
. frJ
~ <". .!.~.:..:'-...... : - .. . '.' :~..:. ..---..
Nombr~ ~ Q~ap;prentjs
Enquête détaillée
,,'-0~"':'~""'-"':'".
---- .;.......
jJ
1. 1~l
" ,,:.:,' .~.-. . "~' ... "~~-~ ---. .. . ·1
"
.' . 1R§NSEIGNE'MENTS OBTENUS DANS LES DIFFERE1ltTES 1'1
ZONES :D'ENOUfTES ." '. '. . . .
0>o Ethnie
@ Naturede.. IJatel,ier
œ, Dote d'ouverture de l'atelier.
®., DomiciJe de ·I;atelier·
o,@~
,'-, .r ,E 1...'
g ':~f:"'~"":~~~'-:::>~:":~:~';::.{"':..'".. ,"
, .
.' ....,.
_.- -~.--:._._.~~~~ ........_......:.....:-~~.~ .. ..,~...."
1
~ <.A(1,"10.</'. o ,'}. !Y4 ,..".·x".: ,
.: -J: ::-- -- . . . . '"
ZONES' D'ENQ'UETE5
.: - - -,- . -
;~@\}251·
',~~ >.~-~~~~:~~:';;~f:,(
V , ,". /, '/
'/1
-""'1, '). \;\:j:~~~:f'#.-"Ui 'iT-1 " '",,~"., ~ l"T': .\" "'-", '\~, ""II, __ " s ,
:: Ll\j-J:~';::':~'\l'~l " "J -;i;iiifè;li',c,' '~ .. " , .', ,C __." .~I" h," "."'. '''",'' "".". -t , • '. J" • '1:.. 'AC- , . 7.-. '. , . ->0:.:, .,1_'~'i-1r' 'L ", "\"'-'" '--, "'" . u ., . C ~ _' , __ " . "'tL·'~'·:-~JtJ~.v - .." 'U'~"'~ .," .. ', .. " a.: ï~~::~~U;~".-.:,111_
1
.." . ;-r-i' \l'm\h,'","'. '" , __" ••; "
..r: ,j, ':';·1 .il 'I~Woo;'; , ., ',',:,,-"". , ',.' • \. --' -- ,. -:»:~~':-\tj;;:l!,C';, .' , ., ... _." " .1,., " . •. .,. ~" ~
"".' ..
"
"
\~~.
"
;':
~~.
LE5DI'FFERE,NTE5\ . . . ~.
,,;:"
"..) ..,
... ~.,
... .. r.
' ..-' ..
. ,-' ' ...
....
~~
....
.. ..
." \
> .'
~ .~
"
. t·
~.. ~ '''..
·l .... ·.. r- ··l
.. \
• ,.t~ •
',', .-,
. ~:"' ·~r..
.,'.....;
;d?~;~(~:·:.; (,' ..... ·::" -',, ... '
J., ....
.. -,: ~ : . ~
:' ......1
....; .j
f-, .
~Z~~:~;:;:\~~\I;;~,· ~ ", ,
~.
, ,
-' ..••.. ." f.
. -:'. ~~I :r~..·- .J t.. 1.'
.... ..... ,
. '.'. '.
:' ._- ~ .....
.....
.1
'~.
.': .
'.'
'#.'
,,'
':.-
~.' .
" . ',' ',.. '. \\-. 1 c- gu n, I>:fe ~\. "'..>.• T;~.,~~:·~:\~::t,.~t~r~f~~:·~';~~.
"-CCa~ :-.-,c. ~,J,-77 ';="_·'-.,~7,\, ,~", ,,o" .,: r. . '
.~
~. ~i ~." l' .~ ~VP ./ r···· . : 1."'",1 ':' ., .J:""",-, I~ ~ ~" • ,". ,-> ~" '"
" ". ~':";'~~+-4f::·,:~:;<;l:.~-~Jf~:/c:~'~~ri:,·r'~'~: "~..'. ~.ll.' "l'" 1 IJul 'i ',1. l' .r ,:--~""""'i!>1' /., jr' ~.-l-,_I' \,\ ~v
-: ·t<~;~;,~:·,'~~(;i '1i:i:i~:;=, ·n '.f5:~~)C ~~j;,i;·~·~J:~:·.:)::····-~.~ ../· '\'<: ~Û: /:' .' 11-.' , ',. lA, ~} l' 1 J.":' ••,,,). .i.--'" J" "" ~ ,.......,''\ , ..•)1
'..-'./_,;' :;! J~'j ~<:;., ',:~:!F ,~:~:: .!!:. ~~ ..~~ -', . .tr::::~'-;~i::.,{ ';,\~J~\~ ..~', ,\". • t~ ·~l ..1 '-/ ,~". . ~.,\ ""
..,.:;,)1 !;..N:'·1b{:}~\ ", .t ,~ " .~.II'r .» ':,;..; ... '~.•"~ : "; '::_-" -- "~Qudrtje0'6dmj'nistt"Oti \:'
,~~~,;t~:~~~::~~i~jrj;~tfI~ÈE;l:,2}<, ' 'L.' ~
~;~;" c" '~. ~":\~l->~-' ..~'~-
~ f ~
..,:
. . ~ " '.- .'.;;.,
.:~: :," 1.·4:'::'::·t·:'t"~· ';:,; ":\,,:.~~~:'''' ."If . .;' .PC.l. "'. '" ··.... t., ", ' y~ ..... ~t.~II:i. ':' .:/ ': .....
'.
9-":'
·t. l •
, .'
.:;,
.,\.':
. "
" ..
•
• •••c ...••. :.:. . ; .. '.~.
,... ~ .. ,
( '\ Il ...<, :f~t, ..
·Â· '.-r--.. '----__.~'~\~. '
'. f'f~'f rÎ~~ :,~" •.;:--" 7jV_
"
.~-"---.----. -_.~--~_. - ...0--._-~.."_'''' .__._....._.. _. ~ _"__ ....0.--_.• h _~_ • ., ..._ .{. _J:'" .._.:...._.~.~_.
- 9 -
les problèmes et l'avenir de l'artisanat loméen
(Voir en annexe N° l le questionnaire)
Ce questionnaire a été proposé aux artisans du quartier
du centre (Voir carte N° 2) et à quelques artisans des quartiers
périphériques. Tous les autres ont fourni, au cours du recensement,
des renseignements généraux dovant nous permettre d'établir des
cartes pour l'onsemble de la ville (Voir croquis N° 4).
Il est bien évident que ce questionnaire étant un
support do l'enquGte, il devait nous permettre une analyse statis
tique. Ce support rigide, en apparence, ne devait pas être une
contrainte, mais une ligne directrice du dialogue avec los artisans.
Dans la mesure où ils se sont montrés compréhensifs, nous avons
recueilli tous les renseignements utiles qu'ils ont bien voulu nous
fournir.
Le problème de définition de l'artisan, sans cesse remis
en question au cours des enquêtes et de leur dépouillement, s'est
alors posé.
DEFINITION DE L'ARTISAN -
Il était difficile d'avoir une définition toute faite
de l'artisanat, des normes auxquelles on pûurrait se référer pour
classer les métiers dans ce secteur. Certains artisans avaient une
activité entièrement créatrice (tailleurs, menuisiers), mais la
majorité se consacrait totalement ou partiellement à des tâches de
bricolage et de réparation (cordonniers, bijoutiers, réparateurs
de toutes sortes). A ce moment, nous avons compris la place prépon
dérante qu'occupait l'artisanat de service qu'il est parfois diffi
cile de distinguer des petits métiers.
- 1C -
Il n'existe pas de statut de l'artisanat au Togo.
Pour débuter nos enquêtes, nous pouvions nous inspirer
des recherches déjà réalisées (5) et des statuts français do
l'artisan (6).
Bien qu'en Afrique ot particulièrement au Togo, l'arti
sanat n'ait ni le même poids, ni le même rôle économique que dans
les pays développés, les définitions ci-énoncées peuvent servir do
base de départ excepté sur un point : le nombre des compagnons.
A Lomé, le nombre de cinq compagnons ne nous semble pas
pertinent pour définir l'entreprise artisanalo : les compagnons
sont inexistants, ce qui contraste avec la pléthore des apprentis (7).
(5) JK. HADZI L'artisanat dans le développement togolais Diplôme de l'E.P.H.E. - Paris 1967
B. 1. T. Projet de rapport au gouvernement de la Républiquedu Togo sur la situation et les possibilités decréation et d'organisation de l'artisanat togolais(Janvier - Juin 1968) •
Bulletins périodiques des services de la statistique.
(6) Définition de l'artisan d'après le statut fixé par le code del'artisanat en juillet 1952, modifié par plusieurs décrets.
"L'artisan est celui qui exerce pour son propre compte, unmétier manuel pour lequel il justifie d'une qualificationprofessionnelle, assure la direction de son entreprise otprend personnollement et habituollement part à l'exécutionde son travail.
Il faut qu'il s'agisse d'une activité de production, de réparation, do transformation ou de prestation de services.
Il peut utiliser une force motrice, celle-ci n'excluant pasle caractère manuel de l'activité.
L'artisan peut travailler ou non chez lui, exercer son activité directement pour le public ou à façon.
L'artisan emploie au plus cinq compagnons en dehors de sesascendants ou descendants".
(7) L'apprentissage est une véritable source de revenus pour lepatron; les apprentis payent de 1 800 F CFA à 25 DOC F CFA pourla durée de leur apprentissage, ils représentent l'essentielde la main-d'oeuvre qu'utilise le patron ••• on rencontre trèsrarement quelques ouvriers salariés.Les apprentis une fois certifiés sont contraints de s'établirà leur compte, poussés par une nouvelle vague d'apprentisdoublement enrichissante pour le patron. Dans ces conditionsl'étape intermédiaire entre le certificat et la maitrise estsupprimée : les compagnons sont pratiquement inexistants.
- 11 -
Nous insisterons sur los points suivants
- Le métier rocensé doit être exercé en pprmanence
.NtJu~ nous S(Jmmos pporçue que certaines commorçantes se
livraient temporairement à des activités artisanales. Quelques femmes
tressaient des nattes, teign8ient des pagnes avec de l'indigo, acti- .?
vités qu'elles pratiquaient dans leur pays d'origine et qui leur .
permettaient de faire la soudure dans une période creuse de leur
commerce. Elles n'avaient pas complètement rompu avec la brousse où
l'artisanat est souvent une activité complémentaire de l'agriculture
et du commerce. Nous n'avons pas recensé ces activités •
• D'autres personnes menaient de front deux activités :
couturière - revendeuse, tailleur - cuisinier, cordonnier - veilleur
de nuit •••
• Il était alors difficile de savoir qu'elle était l'acti
vité principale, il est possible que cela variait suivant la con
joncture. Nous avons recensé l'activité artisanolo dans tous les
cas où elle s'exerçait dans un atelior visible, on permanenco, m~e
en l'absence du patron. Nous étions dans l'impossibilité d'analyser
la teneur do l'autre activité quo l'artisan prenait soin de ne pas
nous dévoiler ot dont nous preniQns connaissance souvent par hasard.
- Le métier nécessite une qualification profossionnelle : ce
critère nous permet de faire une distinction entre l'artisanat et
les petits métiers dont la pratique ne nécessite aucun apprentissage
(porteurs, tireurs de charettes, revendeuses de plats cuisinés ••• ).
Malgré cette simplicité apparente, la qualification professionnelle
ne suffit pas toujours à faire la distinction entre ces deux branches
d'activités 10 sous-emploi chronique qui touche certains métiers
en fait des activités bâtardes de l'artisanat qu'il faudrait rGp
procher de certains petits métiers, puisqu'elles permettent tout
juste aux artisans d'en vivre. Nous les avons tout de même consi
dérées commes dos activités artisanales, car en général l'artisan
- 12 -
garde son titre ct ne change pas de métier malgré le manque de
travail. Le petit métier est plutât une activité passagère et
variable.
llFaute d'une classification fiscale et d'une définition
à partir des effectifs de l'ehtrGprise la frontière théorique entre
l'nrtisanat et la petite industrie demeure imprécise" • (6)
Cependant, sur le terrain, la distinction n'a pOS8 aucune
difficulté. Nous avons donc pu établir facilement la liste des métiers
artisanaux de Lomé (Voir annexe N° 2).
Nous avons exclu les métiers du bâtiment : les chantiers
sont disséminés dans toute la ville et le "siège social" des entre
prises est rarement visible; nous avons également oxclu le transport
parco qu'il s'apparente autant à l'artisanat qu'aux petits métiers.
(8) - J. J. SERVONNAT.
CHJ\PITRE III - LES DIFFICULTES ET LES LIMITES DE Lt ENQUETE -
Au cours do nos travaux, nous n'avons pas rencontré do
difficultés importantes. Cepondant nous nous permettons d'insister
sur quelques points :
- Il Q été important de signaler notre recherche aux
autorités locales (9) ••• Itautorisation d'enquête délivrée par le
Ministère de l'Intérieur nous cr souvent facilité la tâche .~. mais
parfois, les tampons et los signatures officiels ont soulevé quelque
méfiance chez les artisans qui craignaient d'être "trompés" et
"embêtésl1 par le fisc (10).
Dans l'ensemble les l~fus ont été extrêmement rares et
nous avons été encouragée par la participation des artisans.
Cependant de nombreux artisans n'ont pas répondu à la totalité du
questionnaire ce qui rend difficile, voire souvent impossible les
comparaisons statistiques pour certains points.
Il a été nécessaire de réviser notre notion de rentabi
lité et de temps. Le nôtre était limité à la durée des vacances
scolaires Gt nous avions tendance à nous fixer un taux d'enquôtes,
un rythme journalier à Il tenirl1••• Dr il s'est révèlé qua "perdre"
du temps DU plutôt prendre son temps était payant: des conversations
prolongées et répétées avec dos artisans nous ont permis d'appro
fondir notre recherche et nous ont évité de réaliser une étude
puremont statistique; des visitoG répétées et amicales nous ont
permis de considérer l'artisan dans son milieu de travail et familial
et, d'apprécier la place qu'il tenait dans l'économie et dans ce
microcosme qu'est la grande famille africiane.
( 9)
(10)
YAYA \~AI\JE - néflexion sur la recherche sociologique en milieuafricain.CAHIERS D'ETUDES AFRICAINES N° 39.
( conditions préalables du travail sur le terrain : rapportavec les autorités administratives et politiques) •
YAYA WANE - (o.c) le remarque également( la recherche sociologique et le pouvoir établi) "les recen
sements de population et de chsptel étaient et demeurenttoujours associés dans l'esprit dos collectivités à desidées de fiscalité et do répression Il •
14
- L2 ville étant lu cruusut où viennent so mêler les
hommes de tout lu pays et do nombruux étrangors aux longuos très
difforontes, il nous a fallu employer des interprètes dans de
nombreux cas. Mais dans Itonsemble lu fronçais ot l'anglais olGmen
taires sont parlés. Parfois il est arrivé qu'un enquôteur ou un
interprète roncontre une certaino mauvaise volont6 de la part d'un
artisan d'une othnie (11) diff6rente de la sienne.
- Enfin, nous voudrions signaler, en passant, le tort
fait par cuttains organismes de rocherche f aux cherchours isolés
ot particulièrement aux 6tudiants. Ces orgQnismcs européens ont un
"budget-cadeau" et perpétuont cette imago du IIblanc" qui, chargé
de "pacotille" , vient cherchor quelque chose •..
Faut-il entretenir cotte image que certains Africains
se font encore des EuropGens ? Est-ce pour le chorcheur le meilleur
moyon d'obtenir la collaboration des populations?
LE DEPOUILLEMENT DU QUESTIONNAIRE -
Nous avons recuoilli un très grand nombre d'informations.
MalheurGusement certainos suries sont incomplètes ce qui limite leur
utilisation.
Nous avons prntiquli un d::!pouillement manuel, lIartisanal" •
L'établissement do listes, do t~bleaux et le comptage reprosentant
une grosse perte de temps. Du plus, los possibilitûs d'interpré
tation sont limitées.
(11) On entend par othnie : un ensemble d'individus querapprochent un certain nombre de caractères de civilisation,notamment la communaut6 do langage et do culturo •..
- 15 -
Il aurait été souhaitable d'utiliser les informations
de manière plus rationnelle, on les classant sur des fiches perforées.
Il existe des fiches préperforées dont le maniem8nt est très simple.
La sélectiun se fait manuellement (voir annexe N° 3).
Néanmoins les méthodes quo nous avons utilisées, m~lgré
leur insuffisance, nous ont permis de cerner les grands traits de
l'artisanat loméen et de dresser un certain nombre de cartes.
DEUXIEME PARTIE LES RESULTATS DES ENQUETES -
D'apTès les rensoign~nents fournis par l'enquête démo
graphique de 1931, les trav~illeurs du secteur de l'artisanat repré
sentent 32 ofu de ln population active do Lomé. Ce chiffre - à peu de
chose près équivalent à celui du commerce (34~) - souligne le poids
de ce secteur dans l'économie urbaine. (Voir tableau N° 1).
Tableau l POPULATION ACTIVE de LoME en 1961
Effectifs FréquenceProfessions
Hommes Femmes Total (on 10)
1Agr. Pêche, Forêt 980 555 1 535 4Artisans 9 945 2 745 12 690 32Ouvriers 1 020 30 1 050 2, 5Professions libéralos 1 135 425 1 560 4Direct. cadres, adm. 155 5 160 0, 5Employés de bureau 1 780 380 2 168 5, 5Commerçants ,vendeurs 1 705 11 835 13 540 34Transport & comm. 2 955 15 2 970 7, 5Travailleurs des serve 1 030 1 210 2 240 5, 5Forces armées 845 - 845 2Divers 190 795 985 2, 5
Total des Actifs 21 740 17 995 39 735 100
- 17 -
Nous avons mené notre étude en trois temps
la description et la répartition des lieux de travail,
l'étude quantitative qui se voulait exhaustive,
l'analyse des structures de l'artisanat.
CHAPITRE 1 LES ARTISANS DANS L'ESPACE URBAIN,
Des artisans au coeur et aux marges de la ville, le long
des routes bitumGes et dans le8 impasses, au fond des cours et dans
des "ateliers" dc toutes sortes ••• : c'est une véritable pulvéri
sation des artisans sur l'espace urbain. Mais il n'y a pas de
quartier typiquement artisanal ; il y a peu de regroupem8nts apparents.
Il nous a semblé capital de débuter netre recherche par
l'analyse des phénomènes tangibles.
DESCRIPTION DES LIEUX DE TRAVAIL -
De la pièce confortable au simple abri de tôles
la variété des "ateliers" (12) est infinie
Une ou plusieurs pièces donnant sur la rue : le plus souvent
la seule ouverture est une porte étroite de bois ou de tôle qui donne
sur la rue, et laisse deviner un homme au travail (tailleur, bijoutier~
cordonnier). Parfois l' "atelier" se signale par un modeste étalage
(sandales, v8tements, bijoux accrochés à la porte) ou par une
enseigne imagée.
(12) Par "atelier" nouS entendons le lieu qu'il soit ou nondélimité par des façades, où travaille régulièrementl'artisan •
- 18 -
- Une ou plusieurs p~ecos non signalées de l'extérieur: (co qui!
évito à l'artisan do payer une patente). L'artisan est en général
connu, uu so contente d'une clientèle d'habitués c'est le cas des
couturières qui travaillent à domicile; elles réservent une pièce
de leur logement ou une partie d'un couloir pour y ins~111er leur
matériel et leurs apprenties.
Dans ces deux cas, les ateliers sont en matériaux de
construction solides (~~nco, brique, béton), mais pour ceux qui
donnent sur la rue, le plus souvent, seules la façade est en dur,
tandis que les trois autres parois sont fait8s d'un assemblage de
tôles, cartons, palmes •••
- Une baraque de planches, fermée.
- Un abri de tôles ou de palmes, ouvert.
Il n'y Q pas de législation pour règlementer l'instal
lation des locaux: seule une taxe est perçue une fois l'an par des
collecteurs ambulants ••• aussi du jour au lendemain, ces baraques,
cos abris s'installent au hasnrd des trottoirs et à moins d'une
intervention vigoureuse des voisins, elles no seront évacuées que
si des travaux importants do voirie sont réalisés.
Ce genre dl" atelier" so trouve également dans les
cours devant la chambre d'un artisan qui accroit ainsi son espace,
ou encore sur des terrains lotis mais non encore bâtis où il reste
tant que le propriétaire n'utilise pas le terrain. Les menuisiers,
par exemplo, drossent souvent un abri provisoire à proximité d'Un
chantier.
- Un emplacement fixo sur le trottoir : sans clôture, ni toit, le
plus souvent à l'ombre d'un arbre ou devant un local commercial ou
un marché, où l'artisan vient quotidiennement avec son matériel.
- 19 -
Plus des trois quarts des lieux do travail sont en
général minuscules, vétustes, mül éclairés. Une misérable échoppe
peut abriter plusieurs ürtisans : il n'est pas rare de voir dans
un coin un cordonniGr ct dans l'autre, un bijoutier ou un tailleur.
Ces types d'ateliers ont souvent un rapport avec le métier
qui s'y exerce. Il est évident que l'artisan qui possède du matériel,
l'horloger, le tailleur, l'imprimeur, le réparateur d'appareils
ménagers ont des locaux solides pouvant les abriter de la poussière
et des intempéries. A l'opposé, ni coiffeur, ni réparateur de cycles,
ni cordonnier n'auront besoin d'atelier en dur, Ce qui nous fait
entrevoir une certaine hiérarchie des métiers. Mais nous avons cons
taté aussi que très souvent pour un même métier la nature de la
construction variait,
Ainsi un tailleur renommé travaillait-il dans une granda
bütisse ; son atelier occupait plusieurs pièces bien éclairaes. Tel
autre se contentait d'un local plus modeste, sans électricité.
Un autre, étranger, sa machine sur la tête, se rendait
au marché, où chaque jour, adossé à un mur, il réalisait quelques
petits travaux,
La nature de l'" atelier Il semble indiquer tout autant
l'importance économique des différentes entreprises que le métier
qui s'y pratiqua. Cependant un artisan, quelle que soit son importance,
peut très bien ne pas avoir pignon sur rue pour ne pas payer d'impôt
et immobilisor le minimum de capital. En effet, louer un atelier
représante une charge importante, voire même un risque, pour un
artisan qui ne peut prévoir comment iront ses affairas.
Par ailleurs, il semble qu'il n'y ait pns de distri
bution par quartier des diffGrents types d' "ateliers". On pourrait
croire qu'il y a plus d'ateliers en dur au centre de la ville mais
en fait, il s'agit bien souvent de façades donnant sur la rue,
- 20 -
Les baraques ont tendance à s'établir de préférence à ln périphérie
dE: le ville. Dans l' onsemblo tous les types d' "ateliers" figurent d,:lns
tous les quartiers de la ville. Il no nous a pas été possiblo d' :tm.:Ùyscr
et de cartographier ce phénomène, vu le ~eu de temps dunt nous
disposions. Do plus il ne présentait qu'un intérêt modeste pour notro
recherche.
REPAfiTITION DES ARTIBANS DANS L f ESPACE LH~B/UN -
Il ost possible d'analyser ce phénomène à l'aide d'uno
série de cartes simples, générales ou partielles.
Répartition génGrale des "ateliers" •
(Voir carte N° 5)
Pour l'ensemble de la ville une carte 3 été établie.
Chaque point y représente un "atelierll au sens large donné plus haut.
lorsque deux artisans patrons so partagent un même local, ils sont
représentés chacun par un point. Ces points sont en général situés
exactement au lieu même où se trouve l'Ilatelier". Ils remplacent 10
numéro d'ordre qui avait été donné sur la curtE de travail et auquel
corrospond une fiche de renseignements. Il ost donc aisé, dans une
première étape, de donnor des valeurs différentes à ces points suivant
que l'on souhaite étudier la répartition par métier (voir carton Ne 6)
ou bien par ethnie (voir carte N° 7). Dans une seconde étape, on privi
ligie un certain nombre de points et on obtient par exemple la répar
tition des artisans d'un môme métier (voir série de cartes
N° 60, b, c, d,) et on la compare avec la répartition globale des
artisans.
Après avoir abordé, brièvement, ces questions do méthode,
nous constatons pour la première carte que la densité dGS "ateliers"
est plus importante au centre de la ville et le long des grands axes
de communications. En effet pour l'artisan, s'établir sur un lieu
de passage et de commerce ou à proximité, c'est l'assurance de trouver
plus aisément une clientèle. C'est pour cette raison que beaucoup
r---------------~--------------------------------..~
", ..
"
. ". ..~
'"
5
••
• ..',.:..'. ...., -.' c:
•fi'
"
"
••
..~ .• •••..
~ ..~ .•
..
•
•• •
'.
....-.
••
•, ..".'.,•
.":'. . .' .. "
•
•
•...•" ..
••.'
••• •' .• •••
, .''.'
.:e" •.•
.~','
•
•
..
GENERALE,.'OES ATELIERS
•'.'
•
.'. .•
,.
•
.... ~...'.".' ' ....•.. .'...,. .'. " ...'. . .:. ",.. '.... ,,'. ... '. ..•
~, ..'.
., '" •e, . : •• ~ .;. -. .,
",.:,
'.
.....
RE:PA,RTrTfoN
•
: .. '
.', ,
••
.'
•
,•
,
,.
,,~
••
.'
• •
,."
,"••
'.
• ••,
' ...• •
••
••
.,.....,-.': ,.•· ...' -., ..
.~"..•.: .. ".
":. .•
· "••
., '
•.'
... ... ,,.'. .. ,• •'..' .
,. ., .:
••
'..
•
..•
•
..
-.
•
•..., .•
'..
••
. ~ ,
•·.c .'
••
•
> , ...
.. .
•
."
•
. . ..."'.' ..'•••••
.'
..
.' .".
,
.. " ..• ••
,"
•
•••, •.. ..", ... "._' .....
. -"~'..' '", ..'. . :
•••••
•
'"•
•
.. .
•
.'
••
••••
' ..•.....••
..,',
- ..-.
•
•..•
•
,,', .':"•
.'.
•
•
•
'.•
.~ .
" ."..,•
•
.. ..".,. . ~.....
.,.
•
• •
~.~ .~.'.
..
,•
•
•••
•. '
••••
-.,
.' ...
•
, ."
•
.~
N
• 'A', .
. '.
LOME..:
-- 21 -
d'artisans cherchent à s'6tablir le long de ces axes et doivent se
partager de minuscules espaces. Il y a fréquemment un divorce entre
l'atelier et le domicile de l'artisan. Dans le quartirar central et
en particulier 10 long dos rues principales il y a une proportion
assez importante d' arisé.~nS dont le domicile est éluigné de l'"otelier"
Pour le raste de la ville, domicile et lieu dG
travail coincident en général: l'un est situé dans la cour, l'autre
donne sur la rue, ou bien les deux sont dans la cour.
Répartition des artisans par métiers
(voir carton N° 6)
Voir cart8s N° 7)
Oc même que pour l'ensemble de la villo, à l'exception
du quartier administratif, il n'y a ni quartier spécialisé dans une
fonction, ni ville africaine, ni quartier véritablement européen,
il n'y a pas de zone typiquement artisanale. Les artisans se répar
tissent plus ou moins densément dans toute la ville et aucun quartier
ne pourrait prendre le nom d'un métier.
Les métiers se répartissent en fonction de leur importance
et de la donsité artisanale des quartiers. Cependant nous pouvons
noter quelquos localisations ou groupements particuliers.
Les mécaniciens ont tendance à s'établir sur les zones peu habitées
en raison de la place dont ils ont besoin.
Les réparateurs de cycles sont situés au bord des trottoirs
attendant le client en panne. Leur lieu privilégié est 18 quartier
administratif où n'est représenté aucun autre métier artisanal. C'est
l'endroit où roulent les bicyclettes qui appartiennent on grande partie
aux fonctionnaires, en général peu aptes à bricoler une monture
défaillante.
. : ,: .' ~ 1,' ... ~. "~->-i ":"' ':..-_,. -·_~1 ~}
, "J \ ' ' ,1 d ' ; ,l '. ' 1 t', j,." - ',' l , '
~ - --'t Jl-~---_..J L .' 1 . -. :; , ' 0 -,-.. '~~ 1r- -, ; ,L.,...... J .,'. '
~--C "'-~.' ,, . -Jr "'. • • , J 1 ~ ,
r c ~- .: .....-J ~-,.:_..:..,.J ',' , n·:·"·:. l~f _'.:' o.. ,
'''~---rCJ' , ,..../~.J"" '.'., ----.. c'---.:::- ~ ,.' '. - ".t ' 0, ':' "'. , .... . -,
. ,1 .' . . . : '. . t . , .. '. -: ,,·._.,._1"'---.' r;Je' ]1 ..•, .. "'_.--..~~-]tic:-"JD4~ .., .' .,_;1 1: " .' :. '. '. 0: .;
, o. . -:T , ' .' ,. • •, .: l,,: " ..' El. f '.: ": .. êg " :.' .. '. .,..~ . .'.
,1"'", ,
,11 • •
1
_ 6- '. • .'
• o'
•
..~
.".'••
ATLANTIOUE
...•••
•"...
•••
.'••....
o C E A N"
1·t
..
1 a g.li-ri-
~ 2.lc.m1
t
1
~-
1
;.
N•
, fe
..
.'.. .•
... ..... ~
.,•
...'.e "1..
A T LA NT 1 QUE
·.···
.........1 ...t .
' ....
OCEAN
-----r
•
..
•
•0:..<
~r
::;,i
'l~
i
t
..
..
""
-
•N
, z-km7
o
J
\
l,
" "
.~
" .. ,
.'..
........• •.
••
.••• 1 ••
.....•...
• 1: ...~..
ATLANTIQUEN
- t\
····'..... . .
}:~ ':"':~::-l'" . . :-.~ .: :-. :. ..• : 1 •
:. i. ;::;..'. .·-1····· ·• ..-1....· - .
~.'fi,~•••.
it:.C;'E A
:~
!
o
•
..
••..
..
..••
'"
••N
ET
11,
J
1
~;,
~'
:t '....
••
ATLANTIQUE
........
NOCEA
CORDONNIERSDES
a 9
•
'1
N•
REPARTITION
, ; Zkm,o
,...-- -
••
ATLANTIQUE
.'
....'.
..-~
1
•
: '1. .'
•
.. ,...
E A N
~
~
C
•
o
lagune'
z.km
DES REPARATEURS
CYCLES
••
•
'\
N
REPARTITION
DE
•
o
~.
"
•••
:..'.--- --...-
•.
.•
·•
••
• •
·..
~
/.'.
.f>
",
~,.< •
•
-1
_--~'---= .:--i'-~oCEAN ATLANTIQUE-
••
N
..
C>, zl<m,
REPARTITION DES MECANICIENS
ET PEINTRES-AUTOS
- 22 -
Certains cordonniers so regroupent près du marché, près de la
gare routière et sur le boulovard circulaire où ils vendent direc
tement leur productiun aux vuyagours et gens de passage.
La distribution des menuisiers dans la ville est plus égale quo
celle de l'ensemble des métiers. Il n'y a pas une aussi forte concon
tration au centre do la ville et le long des rues principales. Ils
so répartissant do façon identique au centre et à la périphérie. Au
Nord-Ouest de la lagune, face à l'hôpital de Tokoin, sur un total dG
quatorze artisans, dix sont des menuisiers. C'est en partie parce
qu'il s'agit d'un quartier nouveau, en cours de construction, et où
los autres artisans n'ont pas encore leur raison d'être; de plus,
la proximité de l'hôpital n attiré des menuisiers spécialisés dans
la fabrication do cercueils.
Les artisans avouent passer plus de temps à se regrouper
en dehors de leurs préoccupations professionnelles avec des ressor
tissants de leur village d'origine et de leur ethnie, qu'avec leurs
confrères artisans.
Répartition des artisans par ethnies -
(Voir carte N° 8)
Pour cette carte il n'est tenu compte quo de l'ethnie du
patron de l'atelier'. Nous verrons plus lcin quels sont les rapports
entre l'ethnio du patron et celle de ses apprentis ou employés.
Pour l'ensemble de la population urbaine il n'existe pas
de groupement ethnique (13), à l'exception du quartier ZGngo qui
rassemble autour do la mosquée les musulmans originaires du Nord-Togo
et du pays Yoruba essentiellement. Les artisans de ce quartier appar
tiennent essentiellement à cette communauté. Le quartier 6tant
surpeuplé (voir carte des densités de population), une grande partie
(13) Happart justificatif du plan d'urbanisme.
- 23 -
de cette communauté s'ost dispersae dans la ville. Comme tous les
autres immigrants ses membres se sont fixés là où les loyers sont
les moins chers.
On trouve donc aussi des artisans de cette communauté en
dehors du quartier Zongo, répartis en petits groupes.
La tondance à se regrouper par ethnie semble l'emporter
sur celle à se réunir par métier. Encore s'agit-il d'ethnies en
grande partie étrangères à la société du Sud du Togo. Pour les autres,
le hasard, l'anarchie, le manque de rapprochement dans l'espace et
dans le travail sont le rClflet d'un grand individualisme qui car'é.1C
térise les gens du Sud.
Nous avons également remarqué que dans les ateliers où
travaillaient deux artisans ou plus, ils faisaient plus souvent
partie de la même ethnie que du même corps de métier.
MOBILITE DES ARTISANS DhNS L'ESPACE URBAIN -
Mouvements entre le domicile et le lieu de travail
Dans la zone de l'enquête exhaustive, on remarque qu'un
tiers des artisans se déplace chaque jour entre leur domicile et
leUl~ "atelier". Les autres habitent sur leur lieu de travail ou à
proximité.
changement fréquent d'atelier
Un très grand nombre d'artisans ont occupé d'autres ateliers
avant de s'établir à l' ondrnit où ils ont été recensés. En effet
l'artisan débutant se contente de conditions de trav~il très rudi
mentaires. Son premier "atelier" est souvent provisoire; il se
contente de travailler chez lui ou chez un ami ou dans une modesto
pièce qu'il loue. Ce n'est qu'après le démarrage de ses affaires
- 24 -
qu'il envisage de s'établir dans do bonnes conditions, donnant souvent
plus d'importance à l'atelier et à son site qu'à sos propres qualités.
Ceci apparait dans l'échantillon de réponses obtonues à la question
"Pourquoi avez-vous changé d'atolior" '? (voir en annexe, ln page 3
du quostionnairo).
Ces motivations sont classées pélr ordre de fréquonce. LG5
réponsGs obtGnuos, avec quelquos explications, étaient généralement
les suivantes :
- "Ça ne marchait pas" • C' Gst-à-dire
• manque de clients
mauvaise situation de l'atolier dans un quartiertrop peu animé
• dans une rUG tropsouvent et troplongtemps incndéeen saison des pluies.
"prix du loyer trop élevé"
"manque de placE)"
"expropria" , c'est-à-dire chassé par le propriétaire des lieux,
au moment où il décide d'utiliser son terrain pour bâtir.
"Pour rejoindre mon mari" - cette raison supplémentaire est évoquée
par les femmes qui, au moment do leur mariage, ont changé de domi
cile et en même temps d'atelier. A leurs débuts, ellGs travaillaient
souvent dcns la maison paternelle.
La mobilité des artisans dons l'espace permet d'entrevoir
leurs insatisfactions, leurs déboires. Il semble qu'il faut plus en
chercher les raisons dans les structures de l'artisanat que dcns los
défauts d'infrastructure. Mais hélas pour les artisans, la location
de machines ou d'outils, le dépla.cement de l'''atelier'' ne peuvent
modifier que pour une part insignifianto leur situation particulière.
On peut donc constater 11importnnce de l'artisanat dans le
paysage urbain, mais aussi la fragilité de son emprGinte •.• La
vétusté des ateliers et du matériel, la mobilité des artisans
évoquent un secteur en difficulté.
CHAPITRE II LES DONNEES STATISTIQUES -
- 25 -
Les chiffres cités ne sont qu'une approximation, on raison
du caractère mouvant dos activités artisanales et du refus de certains
artisans à fournir 10. totaJ.ité des renseignements demandés.
D'une part, les artisans chQngeaient souv8nt d'atelier.
Au cours du recensement, il n'était pas rare de retrouver, quelques
rues plus loin ou dans un quartier plus éloigné, un artisan déjà
recensé (14) : il pouvait avoir quitté son atelier et y être remplacé,
comme l'avoir gardé et s'être aggrandi, cumulant ainsi deux ateliers
dans des lieux différents. Dans certains cas il était simple de fairo
la rectification, clans d'autres, le déplacement a 8chappé au contrôle.
D'autre part, à quelques mois d'intervalles, il y avait eu
des modifications dans de nombroux ateliers, notamment on ce qui
concerne le personnel employé et la situation économique do l'artisan.
Aussi est-il difficile d'établir dos comparaisons. DG plus,
le refus de certains artisans, mais plus souvent des réponses déli
bérément fantaisistes ne permettent pas d'établir le nombre moyen
d'apprentis par entreprise, si ce n'est par sondage. L'importance de
l'absentéisme, les refus de réponse varient suivant les métiers.
Ainsi a été obtonu un pourcentage de réponses elové chez certains
artisans : tailleurs (aD ojo ), bijoutiers (90 ojo ), mais nul chez les
photographes pour lesquels on ne dispose d'aucun renseignement.
Cette "fuito Il est très nette également pour les métiers féminins
les couturières étaiont souvont "absentes" de l'atelier; les boulan
gères ne travaillant pas tous los jours, il était parfois difficile
do les joindre.
(14) Il nous est donc arrivé de questionner deux fois un mômeartisan et d'obtenir de lui des réponsos assez différentes
- 26 -
Les différents métiers
(voir tableaux pages suivantos)
En comparant los résultats de différontes sources
coux des services stctistiqucs
les nôtres
ot ceux obtonus à Cotonou après un recensement mené par
Mr. SERVONAT, Expert du B.1.T, dans le même esprit que le nûtre,
nous arrivons à des cunclusions semblables dans les grandes lignes.
Nos résultats sunt les suivants
Tailleurs
Menuisiers
Couturières
soit
20
1?
13,6 '10
50,6 '10 du total des artisans.
En revanche, quelques métiors encore très importants on
zone rurale ne sont pas, ou très peu, représentés à Lomé.
Aucun "atelier" de poterie, aucun "atelier" de vanneriG
n'ont étÉ: recensés. En effet, pots et corbeilles, sont fabriqués
en brousse et arrivent par trains ou par camions aux marchés de Lomé.
- 27 -
TABLEAU nO II
Extrait du Bulletin statistique N° 6 de 1966
11EPAHTITION DES EïABLISSEMEr~TS ARTISANAUX PAR ACTIVITE A LUME,.
Activités Etablissements
Moulins à mais 83
Cordonnerie 21
Taillerie couture1
240
Menuiserie 150
Furges 47
Dépannage radio 22
Mécanique auto 61
Bijouterie 129
/-\utres ateliers do r6pa.rationl 41
Blanchisserie 8
C'Jiffure 47
Photographie 11
Autres activités 12
Total 872
1l
j
TABLEAU N° III
Recensement des artisans de Lomé Juillet/Septembre 1969
ANTHEALIME - Maîtrise de Géographie •
Patrons ou isolésActivités 1
effectif élémentaire Fréquence1
Tisserands 81
0, 30
Tailleurs 524 ! 20, 001
Couturières 35':51
13, 60
Tapissiers 24 1 0, 90
1Cordonniers 88 3, 40
Forgerons-Ferblantiers 95 3~ 60
Horlogers 57 2, 20
Bijoutiers 1G6 6, 30
Réparateurs de lampes 9 0, 30et machines à coudre1
Réparateurs de radio 26 1, 00
Réparateurs de batteries 16 0, 60et-appareils électriques
Mécaniciens 143 5, 50Soudeurs et tôliers
Réparatours de cycles 149 5, 70et vulcanisateurs
Menuisiers 444 17, 00
Exploitants dG moulin 161 6, 20
Boulangères GO 2, 30
Photographes 22 0, 80
Coiffeurs 105 4, DaBlanchisseurs ?7 2, 90
Géomètres-Topographes 18 0, 70
Dactylographes 22 0, 80
Imprimeurs 8 0, 30
Relieurs 2 0, 10
Peintres- Publicité 4 0, 15
Encadreurs photos 14 0, 50
TOT A L 2 598 100, 00
=====:::==== =========
- 28 -
TABLEAU N° 4 - 29 -
Recensement des artisans à Cotonou 1966 - 1967
Rapport - Emploi en milieu urbain Mr. SERVONNAT - E t B lxper •.T.
1 Patrons ou isolés 1
Désignation r-I fréquence effectif élémentaire 1
Stations services 34- 1, 40
Transports routiers -Tisserands 1 6 0, 25(métier à bras)
Teinturiers 5 0, 20
Fabricants filet pêche -Tailleurs 520 20, 80
Couturières 225 9, 00
Matelassiers-Selliers 32 1, 30
Brodeurs 30 0, 20
Forgerons-Ferblantiers 60 2, 40
Horlogers 46 1, 90
Bijoutiers ?2 2, 901
Réparateurs lampes et1machines à coudre 15 0, 60
Réparateurs radio 521
2, 10
Réparateurs batteries 280 111 , 20
appareils électriques !
Mécaniciens particulièrement nombreuxsoudeurs tôliers
Réparateurs de cycles 270,
10, 80
Menuisiers 1801 7, 20
Construct. bateaux 3 0, 10
Peintres en bâtiment 25 1, 00
Maçons 230 9, 20
potières -Exploitants de moulins 116 4, 65
Moulins à piment 30 1, 20
Boulangères 10
Bouchers 35 1, 45
Tresseuses de nattes 6 0, 25
Exploitants sable 4 0, 15
Photographes 25 1, 00
Coiffeurs 120 4, 80
Blanchisseurs 60 2, 40
Articles funéraires 4 0, 15
TOT A L 2 500 100, 00
- 30 -
Un seul artisan pratique, entre autres activités, la
vannerie. Il est décorateur ct a de nombreuses cordes à Son arc.
Les tisserands ne sont que huit à Lomé, tandis qu'en brousse et
surtout dans 10 nord, ils gardant un rôle important; assurant une
bonne part de la production do pagnes et de vêtements locaux. En
ville, victimes de la concurrence des tissus imprimés, ils se sont
déjà reconvertis ou travaillent de plus en plus pour le tourisme.
Les métiers sont essentiollement masculins : 2182 hommes
pour 416 femmes.
Los métiers féminins (couturières et boulangères) sont
exercés de façon particulière. En raison de leur double qualité
de ménagère et de couturière, les femmes trüvaillant souvent à
domicile et de façon plus irrégulière. Les boulangères ne travaillent
pas tous les jours et emploient uniquement un personnel familial.
Il faudrait encor3 affiner cette analyse statistique. En
effet, le terme de métier cache des méthodes de production des
techniques différentes, dos "poids" économiques divers, toujours
difficiles à apprécier en raison de l'inexistence de la comptabilité.
Les différentes ethnies :
Il semblait intéressant d'étudier l'origine des artisans
at en particulier, les corrélations entre le métier et l'ethnie. En
fait l'intérêt s'est révélé aSsez limité, car près des trois quarts
des artisans sont originaires du Sud du Togo et du Dahomey (15).
(15) Il est assez compliqué d'établir une séparation ethniqueentre le Sud de ces doux pays puisque les ethnies chevauchentune frontière politique artificielle. Il en est da même pourles E~é représentés dans le Sud-Ouest du Togo et de l'autrecôté de la frontière ghanéenne. La distinction se plusaisément à l'intérieur même du Togo entre le Nord et leSud, dont les traits de géographie et de civilisation sontnettement différents.
- 31 -
Nous avons étudié l'importance des différentes ethnies (16)
uniquement dans le quartier central où se trouve concentré un tiers
des artisans, soit
TASlEl\U N° V -
Répartition des artisans du quartier central par ethnies.
Togo : ethnies du Sud 554
ethnies du Centre 6
ethnies du Nord 30
Etrangers (Africains) 130
Non indiqué 232
La proportion d'étrangers et de gens du Nord apparaît
assez faible. Et pourtant ello doit être plus importante pour ce
secteur de l'enquête où se truuve le Quartier Zongo qui rassemble
la majorité des étrangers. Or dans ce quartier il faut noter une
très grande absence de réponses. Est-ce parce que les étrangors
se méfiaient plus que tout autre artisan de nos enquêtes ?
(16) Nous les avons regroupées en trois grands groupescorrespondant aux principales divisions linguistiques.
- 32 -
Ou bien e~t-ce que ces artisans étrangers, qui ne sont souvent que
de passage, ne veulent pas dévoiler leurs activités aux autorités
togolaises (17) ?
Dans le reste de la ville où l'enquête ne repose que sur
sondage, il semble que la proportion de peuplos du Sud soit encore
plus importante qu'au centre.
Pour une dizaine de métiers, parmi les plus représen
tatifs, il apparait que le pourcentage moyen d'étrangers est le
suivant (voir tableau VI). Tailleurs (25 o~ ), réparateurs de
cycles (28,5~) et coiffeurs (31 0/0), constituent les trois domaines
d'activités où se fixent le plus volontiers les étrangers.
Les deux derniers cités, plus proches des petits métiers,
ne nécessitent ni installation particulière, ni matériel important
(les réparateurs de cycles et les vulcanisatours travaillent en
général au bord des trottoirs, à l'ombre des arbres; los coiffeurs
se contentent très souvent d'un modeste abri do palme). De plus ces
métiers no nécessitent pas un apprentissage très poussé. Toutes ces
conditions expliquent que des étrangers fraichement débarqués ou de
passage s'orientent de préférence, vers ces b~Qvaux.
Les productions des étrangers sont en général différentes
de celles des artisans togolais. Les tailleurs produisent surtout
des "boubous" et brodent des toques. Leurs ateliers sont de véritables
lieux de passage où il y a toujou~ quelques artisans en transit. Un
y trouve à peu près le même nombre de tr~vailleurs dens l'atelier,
mais rarement les mêmes. Parmi les cordonniers on rencontre également
de nombreux étrangers et des gens du Nord; ayant vécu en pays
d'élevage, ils connaissent parfaitement le trcvail du cuir.
(17) Auxquelles nous étions, dans l'esprit des artisans,souvent associés.
r Métiers
TABLEAU VI
Les différentes ethnies par secteur d'activités
pour le Quartier du Centre.
Eth nie sNombre
- 33 -
d'artisans Non Sud Centre Nord Etrangersi réponse 1 du Togu du Togo du Togo1! i
A( I)[ B(~)' A IB(io) A B(~) A B(~) A B(cM
1 Tailleurs 238 49 20.5 120 1 51 1 0.5 ? 3 61 25
Couturières 145 56 36 82 60 2 1,5 5 3,51
1
Menuisiers 88 181
20 661
75 11
1 3 4
Bijoutiers 68 1 7 110 551
81,5 11
1
•5
11 5 7
1
Blanchisseurs 21 4 18 15 74 1 4 1 4
1
1
Réparateurs 1
11
de cvcles 64 13 20 32 50 i 1 1,5 18 28,5
Coi~feurs 42 3 7 24 57 i 2 5 13 311 iForgerons 22 5 23 1 16 72,5
1
1 4,5
Cordonniers 62 9 15 36 57 5 8 12 2U
Horlogers 34 7 20 20 601
3 8 4 12
1
1Total 952 232 554 6 30
1
130
1
(I) A = effectif élémentaire
B (~) = fréquence , .
-34-
Essai d'étude de la vitalité d'un mëtier à parti~
quelques données ~tati~igues •
Trois éléments peuvent être retenus pour infurmer sur lu
vitalitô ou au contraire le vieillissement d'un métier :
le nombre des appr8ntis,
l'âge du patron de l'atelier,
l'année d'ouverture de l'atelier.
En fait, il faut utiliser ces informations avec précaution
et particulièrement le nombre moyen des apprentis. Celui-ci, variant
pour un même corps de métier, peut en être le baromètre, mais il sert
également à définir le caractère d'une entreprise - aussi est-il
difficilo à comparer.
Variation du nombre des apprentis
Dans une même entreprise le nombre des apprentis varie d'un
moment à l'autre, avec la santé de l'artisan ou la succès de so~
travail, sana que rien dans les méthodes de production n'ait changé.
D'un métier à l'autre il varie d'autant plus que l'outil
lage est rudimentaire et le travail difficile. Ainsi, dans les petits
garages, y a -til une pléthore d'apprentis qui sont là beaucoup plus
pour pousser les voitures sn panne et tenir les outils du patron et
des rares ouvriers qualifias, que pour apprendre le métier.
Nombre d'apprentis et âge du patron
Année d'ouverture des ateliers
Les tableaux nOs VII et VIII et le graphique nO 1 permettent
de déceler quelques grands treits de l'évolution des métiers arti
sanaux. Certains métiers prJsentent une stagnation, un vieillissement.
Ceci apparait très nettement pour les bijoutiers qui recrutent peu
parmi les jeunes. Plus de 63 ~~ d'entre eux n'ont pas d'apprentis,
plus de 20 .~ ont plus de cinquante ans.
TABLEAU N° VII - LDME: Quartier central
R8partition de certains métiers par âge
des artisans (en effectifs et fréquence).
[·.llétier / Age de l'Artisan
- 35 -
1( -Non de PlusMétiers Total réponse - de 30 ans 30 Ù 50 ans de 50 ansA (1 Bl ~oJ A Bl~) A Bl ~'o) A B (~o)
Tailleurs 238 48 20 72 30 98 41 20 9- -Menuisiers 88 18 20 21 23 35 40 14 17
Bijoutiers 68 7 10 6 9 41 59 14 20- ..........Forgerons 22 5 23 4 18 11 50 2 9
Cordonniers 62 7 11 24 39 26 42 5 8
TABLEAU N° VIII -
Métier / Nombre d'apprentis
Métiers Total non 0 1 2 à 5 5 Û 9 Plusréponse de 10
..-A 1J Sr ro') A B(70) A B( 0/0) i\ é(~~) A \S(C/o) A 1 B (ft:), Jo
1
Tailleurs 238 62 2S 73 31 32 14 55 23 11 4,5 t] 1,5
Menuisiers 88 19 22 27 31 11 13 2Ll· 27 5 27 LJ 0
Bijoutiers 68 12 17 42 63 9 13 5 7 0 7 0 0-Forgerons 22 7 32 5 22 3 14 3 14 4 14 Cl 0
Cordonniers 62 11 18 42 67 4 7 5 8 0 8 0 0
Garagistes 25 8 32 4 16 1 4 4 16 4 16 4 161 r1i
(1) A = Effectif
B (io) = Fréquence
- 3ô -
Sur le graphique nO 1 nous pouvons remarquer qu'après 1960
(année de l'Indépendance togolaise), le rythme de la création des
ateliers a pratiquement doublé, sauf pour les bijoutiers dont le
rythme est resté identique. Nous savons également (10) que certaines
activités n'ont vu le jour qu'après 19GO; ou peu avant, (tôliers,
électriciens, dépanneurs-radio).
Il faudrait une étude plus affinée et plus complète pour
tirer d'intéressantes conclusions.
Cette montée en flèche de certaines activités masque
cependant les difficultés auxquelles se heurte l'artisanat. C'est par
l'analyse des structures qu'il est possible d'en réaliser l'approche.
CHAPrrRE III - LES STRUCTUnES DE L'ARTISANAT
Il était nécessaire de chiffrer, même approximativement, la
population des artisans de Lomé. Mais, tout autant que ce critère,
c'est la nature, l'importance économique de leurs activités qui
doivent retenir l'attention.
(18) E. VLASSEt\IKO - population active et emploi au Togo. Lomé 1
Service de la statistique générale, 1967 (multigraphié)
- Note sur J.'emploi et la formation professionnelle.Lomé, Service du Plan 1969 (multigraphié).
500
400
300
200
100 -1-------
Nombre d"e'tablissements en Fin d'annee d'après l'~hantliionenquêté compte tenu des années de création(en Face de chaque graphe est indiquée l'activité de l'artisan et le nombre moyen de création d'en treprlses paF"an avant 1960 et. après 1900)
Taodleur.s 28 - 49
Meuniers 15 - 41
Menuisler.s charp",ntier.s 12 - 2S
Forgerc::>[l5 '3 - BMéCal"/iciens 5" - 9
CoiFflZUt"5 2..- 8
1955 1957 1960 1961 1964 Année
Extrait de population active et emploi au TOGO. Ministère du comnierce et industrie
- 37 -
- UNE MUTATIUN DE L'ARTISANAT -
Production de biens mais surtout do services
création à la réparation •
de la
Si l'artisanat rural produit toujours quelques biens de
consommation courante (v~tements, outils et ustensiles ménagers, en
fer, bois ou vannerie), Itartisanat urbain ne les fournit plus, du
fait de la concurrence des industries locales, mais surtout des
importations asiatiques (19). Devant l'afflux de ces produits à des
coûts très bas, mais pas toujours de première nécessité, l'artisanat
urbain doit évoluer, se reconvertir, trouver sa voie ••.
Si en brousse, on sait encore réparer et rafistoler ses
objets (voire les calebasses raccommodées), ce n'est plus le cas en
ville j de plus la consommation accrue de produits modernes, mais de
qualité médiocre, a suscité le développement de toute une faune de
réparateurs "spécialisés" et a présidé, en aval du secteur moderne,
à la naissance de tout un secteur de "service après-vente".
Le meilleur exemple est celui des ateliers de réparation
automobile, dont le nombre s'est accru très rapidement ces dernières
années (plus de trois quarts des ateliers recensés ont ouvert dans
les cinq dernières années et un tiers dans les deux dernières années).
(19) Japon, Macao, République populaire de Chine essentiellement.On peut également mentionner les produits ghanéens, importantssur les marchés de Lomé.
- 3[' -
Ces ateliers permettent à tout client motorisé de faire réparer son
véhicule à moindre frais (20) et souvent à crédit, conditi~ns que ne
peuvent leur fournir les garages modernes.
Outre les ateliers de réparations automobiles, florissent
ceu~ des réparateurs de cycles, de radio, de machines ~ écrire, de
lampes, do machines à coudro, d'appareils frigorifiques, etc •..
Malgré les enseig!îes aux titres "ronflants", (froid moderne,
frigoto, clinique automobile), il ne s'agit dans la majorité des cas
que de "bricoleurs" • Il existe néanmoins quelques ateliers très spé
ciElisés et sérieux (photographos) où les patrons ont complété leur
formation sur le tas par des stages à l'étranger dans différentes
firmes, et où 188 apprentis reçoivent une formation assez complète.
Le sérieux de la maison est apparent : le patron a un bureau, un
fichier de clients et de marchandises en stock; une salle est reservée
aux apprentis (tous vêtus d'une blouse de même couleur) qui y reçoivent
une formation théorique en plus de leur formation pratique. Ce ne
sont que des cas isolés, mais ils méritaient d'être cités.
Horsmis ces secteurs récents de réparations et de services,
8t ceux, "classiques" de création - (taillerie, menuiserie), il exist'J
un niveau "mixte Il • Al' origine, activités de création (cordonnerie,
bijouterie), elles ont été, plus que les autres, touchées par la
concurrence des produits modernes et contraintes à devenir en partie
uu en totalité des activités de service. Quatre vingt dix pour cent
(9010) des cordonniers ont dO abandonner le travail du cuir (ou du
plastique) qui constituait à l'crigine l'essentiel de leurs activités,
pour réparer sandales et chaussures de la fabrique BATA de Lomé ou
pour en bricoler, à des prix à peine compétitifs, à purtir de vieux
pneus (sandales "Dunlop Il ) •
(20) Une heure de mécano coOte 70G F CFA dans un garage moderne.
- 39 -
Les bijoutiers se plaignent également de réduire leurs
activités devant la CDncurrence des objets de pacotille ou plaqués.
Certains assurent n'avoir pas de commandes, ou très peu, et 8tro
obligés de passer leur temps à la réparation et au nettoyage de
bijoux qu'ils n'ont pas fabriqués.
Un forgeron n'a plus de travail, mais de l'imagination: le
voilà ferblantier. Il fait revivre toutes les boîtes de conserves
qu'il peut récupérer ou acheter en lampes à huile, entonnoirs, cages
à oiseaux etc •.• (voir photo après p.41)
Même parmi les artisans pourvus d'un métier de création
traditionnel, beaucoup d'entre eux ne peuvent plus vivra quu de
bricolage. Par exemple, certains tailleurs ont dO abandcnner leur
atelier pour ne faire que du ravaudage; d'autres, faute de mieux, se
louent chez des frippiers où ils sont souvent exploités et sous-payôs (21).
L'artisanat a dO, nous l'avons vu, s'adapter à des conditions
économiques nouvelles, mais aussi au genre de vie urbain: c'est le
cas des tailleurs de ville dont la production est différente, plus
variéo, en un mot plus à la mode que celle du tailleur de brousse.
En plus dos v~tements, classiques, ils fabriquent pour les jeunes,
pour une cliontèle européenne assez importante (22). La chemise
cintrée, les vestes "mao" , les pantalons aux jambes évasées font
maintenant partie de son inventaire.
Constatant la dégradation de l'artisanat traditionnel, son
évolution plus ou moins bien réussie, l'apparition de métiers nouveaux,
on peut 88 demander quello est la qualité des biens produits et des
services rendus.
(21) Ils reçoivEmt un salaire mensuel très inférieur au SMIG(6 000 F CFA) - Beaucoup sont payés à la tache.
(22) Il y a environ 1000 Européens à Lomé.
- 40 -
Qualité des produits et services artisanaux :
A ~omé, le touriste éclairé cherche en vain la pièce artisa
nale typique : - Quelques bijoutiers sénégalais lui réaliseront de
beaux bijoux en filigrane d'or ou d'argent. Un ou deux cordonniers,
initiés au Niger, le chausseront sur mesure. Quelques tailleurs ou
couturières pourront lui broder une robe, une chemise en coton de
façon originale ••• Mais dans l'ensemble, il risque d'être fort
déçu par l'uniformité des productions.
Le Bureau du Syndicat d'initiative, la boutique "Togo à Gogo",
ouverte sur l'initiative de la femme d'un ancien ambassadeur des Etats
Unis, tentent de promouvoir la production artisanale nationale. Quels
y sont le poids, la qualité de la production loméenne ?
Beaucoup d'objets proviennent du Nord du pays (ivoires,
poteries, rares objets de bois ••• cotonnades tissées parfois
teintés ••. ). Quelques objets forgés, des colliers de cauris repré
sentent le Sud. De Lomé, on ne trouve que quelques vêtemnts brodés,
des cravates taillées dans des cctonnades d'origine hollandaise uu
japonnaise, des toiles coupées dans des pagnes teints localement à
l'indigo.
Malheureusement, qui dit promotion dit production de masse
et adaptatiun au piètre goOt d'une clientèle riche. D'une fonction
d'abord utilitaire, rationnelle, les produits artisanaux ont "dérivé"
(logiquement) vers les besoins d'une clientèle (souvent étrangère)
grosse consommatrice de souvenirs factices. Dans cet univers "Saint
Sulpicien" , l'uniformité et la médiocrité l'emportent.
Uniformité peur les objets à destination touristique, mais
aussi pour la plupart de ceux de consommation courante qui rencontrent
los faveurs des Loméens. D'un tailleur à l'autre on retrouve, avec
peu de variantes, les mêmes modèles, les m~mes types de broderie ••. ,
d'un menuisier à l'autre, les mêmes meubles, les mêmes chaises
exposées devant sa porte
bijoux (23).
- 41 -
d'un bijoutier à l'autre, les m~mos
Dans la confection, les v8tuments sont plus ou moins bien
taillés, les finitions ne sont pas faites, les fils de bati pas
retirés, les coutures s'effilochent ••• Dans la menuiserio beaucoup
de meublas ne sont que façades, les fonds de tiroirs ot d'armoires
sont faits de planches de récupération. Les diverses r8parations et
services demandés ne sont p~s toujours satisfaisants.
Dea uns aux autres, il n'y a souvent que les finitions pour
différencier les objets •
LES DQ~NEES TECHNIQUES -
• Moyens do production :
I~ous avons déjà évoqué le cadre où évoluait l'artisan:
"l'atelier". Il s'agit d'un terme, assez vague, qui permet de quali
fier des lieux très divers, mais où domine une impression de pauvreté,
do vétusté.
Il en est de m~me pour l'équipement et l'outillage: rares
sont los ateliers où l'électricité peut, en fait, y @tre installée.
Quand elle y est, l'artisan ne l'utilise pas toujours, devant dans
bien des cas, consacrer son argent en priorité B la location de son
atelier et parfois même à colle de son outillage.
(23) Tous ces modèles se retrouvent également chez les artisansdes petites villes et villages de brousse. Da~s tous lesvillages du Sud sn s'assoie dans les mêmes fauteuils, dansles mêmes chaises, au point de croire qu'ils sortent tousd'une usine située dans le Sud du Togc ••• ils viennentpourtant de l'atelier du menuisier local.
- 42 -
Dans l'ensemble l'outillage est ancien, rafistold, et ce,
quel que soit son degré de technicité : mGme chez un imprimeur,
l'outillage lourd et volumineux ne doit pas nous tromper. Celui-ci,
ancien ouvrier qualifié, a souvent racheté pour s'établir à son
compte, 18 vieux matériel d'une imprimerie qui se modernisait. Les
machines, vétustos, tombent souvont en panne et la bonne marche de
l'atelier s'en tI'oUVO, dès le départ, hypothéquée.
La concurrence entre de petites entreprises industrielles et
artisanales est vive pour certains métiers. Si les unes possèdent un
matériel assez récent, quelques capitaux, les autres, au matériol
démodé, peuvent, par des conditions financières int8ressantes, attirer
l~ préfé!'8nce des clients. Nous l'avons vu pour los ateliers de !'épa
ration automobile. C'est 10 cas, également de quelques autres acti
vités;imprimeries et menuiseries.
Partout ailleurs, l'outillage ost simple, voire rudimontairo.
La force musculaire reste la principale source d'énergio. Les machines
électriques sont rares.
En général, l'artisan ou le patron de l'atelier est proprié
taire de son outillage. Selon l'atelier, la gamme d'outils ost plus
ou moins importante, plus ou moins variéo. Mais dès que le coût d'Un
outil atteint un certain prix, l'artisan so voit obliger de le louer.
Les tailleurs et les couturières, pour lesquels l'achat d'une
machine à coudre exige de longues années de sacrifices, se voient le
plus souvent obligés de la louer (24) à des tailleurs, qui n'exercent
plus, à des commerçants étrangers, à des revendeuses ou à des
retraités qui ont investi leur capital dans ce type particulier dG
rente. S'ils possèdent en propre une maChine, ils doivent cependant
en louer une ou plusieurs pour permettro à leurs apprentis de tra
vailler et pour fai!'8 face à l'augmentation de la demande en période
de fête. Le but de ces artisans est u'arriver à posséder une muchine
à pédale pouvant également broder; pour le reste, ils doivent se
contenter de machines très simples qu'on actionne à la main.
(24) Prix sor à 1 OOU F CFA par mois.
- 43 -
Si l'outillage est dus plus limités~ la main-d'oeuvre, en
revanche, constitue une inépuisable source d'énergie à bon marché.
Elle groupe: quelques salariés,des membres de la famille
mais surtout de jeunes apprentis payant leur apprentissage •
• Quelques très raros co~gnons salariés. Il s'agit d'ancions
apprentis certifiés que le patron a gardés auprès de lui pour le
seconder et le remplacer. Ouvriers compétents, ces anciens apprentis
se sont perfectionnés auprès du patron qui les gratifie de toute sa
confiance. Malheureusement leur salaire est épisodique, voire parfois
inexistant. Il varie d'une entreprise à l'autre et au sein de la même
selon la conjoncture. Le terme de "cadeau", pluq qouvent employé,
tradui t bien cette notion de variabilité. Pourquoi ces anciens ap-·
prentis restent-ils si fidèles? Parce que, chômeurs potentiels, ils
n'ont pas les moyens de s'installer à leur compte et que même s'ils
les avaient, ils n'auraient pas grand chose à y gagner •
• Des membres de la famille. C'est totalement vrai pour les
métiers féminins, chez les couturi8res et les boulangères elles
apprennent le métier à leurs fillos, nièces, cousines •.• tout en
bénéficiant de leur aide. Les conditions d'apprentissage sont assez
vagues, mais le métier est bien appris. On rencontre également quelquos
membres de la famille, au sens le plus large, comme apprentis dans
taus les autres ateliers. Les jeun8s lycéens, en vacances, chez leur
grand-père, oncle ou proches parents, nourris et logés, occupent
ainsi leurs loisirs.
En majorité des apprentis • Leur nombre varie de un à
vingt cinq. Ils sont plus ou moins nombreux suivant les besoins des
métiers et la bonne marche des ateliers. En tout état de causa, ils
constituant une main-d'oeuvre bon marché et très intéressante
puisque tant que dure leur apprentissage, ils assurent un apport
d'argent et de travail dans l'atelier.
(Nous verrons ultérieurement quelles sont les conditions et les
problèmes de l'apprentissage).
- 44 -
Les méthodes de production :
Les formas, les techniques sembleot avoir été retransmises
de bouche à oreille, d'une génération ù l'autra, dans le secret des
ateliers, sans que l'imagination intervienne pour los modifier et los
faires évoluer. D'un atelier à l'autre, la routine s'est installée.
L'appronti, devenu patron, transmettra à son tour les mêmes gestes,
les mêmes modèles •.• Il n'y a que quelques artisans exceptionnels
pour y échapper, et ce partiellement à cause de la pauvreté des
moyens techniques et financiers dont ils disposent.
Ainsi quelques couturières et tailleurs recherchent les
catalogues et les magazines pouvant leur apporter une inspiration
nouvelle. Quelques menuisiers font de môme et cherchent également
à alléger les lignes do leurs meubles.
En fait, ils copient les formes scandinaves au lieu d'y
puiser des éléments de création originale.
LES DO\JNEES ECONOMIQUES -
• Les circuits commerciaux
Les artisans sont pléthoriques, les produits industriels
importés sont attirants et à bas prix. Dans ces conditions les
artisans ont bien du mal à écouler leurs produits et, ce faisant, à
investir et acheter des matières premières de qualité.
- en amont de la production: l'approvisionnement en
matières premières • Fauta de moyens financiers suffisants, les ar
tisans achètent par petites quantit9s, au fur et ÈJ. rn3sure de la
demande. Parfois, ils sollicitent une avance do leur clientèle, mais
celle-ci, rarement solvable, conclut des arrangements généralement
défavorables à l'artisan.
Certains artisans achètent à crédit, à des amis ou à de la
famille, les cautions qu'ils offrent étant insuffisantes pour les
banques et les grandes maisons de commerce. Quelquefois, l'artisan
- 45 -
prospère peut acheter d'avance pour Garnir son échoppe et attirer le
chaland. Mais en général, il ne prend pas de risques inutiles ot travaillo
surtout à la commande, sans même être sOr que le client tiendra ses
engagements.
Quelques rares exceptions (menuisiors) achètent on gros la
matière première. C'est par camions qu'ils affrètent, qu'ils font
venir le bois des pays forestiers de la Côte du Bénin, non pas toujours
pour le travailler et le transformer, mais aussi pour le revendre au
détail. Souvent ce sont des revendeuses, qui ont l'initiative d8ns ce
type de commerce.
Dans la confection, ce problèmo ne se pose pas. C'est on
général le client qui fournit la matière première. Cependant, quelques
tailleurs renommés tiennent à la disposition de leur clientèle des
étoffes variées. De nombreuses couturièros ont également un étalage
de pagnes dans leur atelier.
Les produits de base de l'artisanat sont très divers tant pero
leur taille que par leur forme et tant par leur valeur que par leur
origine.Les produits manufacturés, les pièces de rechange en pro-
venance des pays d'Afrique, d'Europe, d'Asie sont vendus dans les
grandes maisons de commerce et par des rovondeuses (il existe une
association des revendeuses de marchandises diverses et pi8ces
détachées de vélos).
D'autres produits (cuirs, peaux, métaux précieux ••. ) pro
venant des pays africains limitrophes sont vondus pur des commerçants
qui en sont originaires. La part de la contrebande n'est pas négli
geable pour l'or ct l'argent.
Les forgerons se procurent tôles et forrailles chee les
garagistes. Les cordonniors, nous l'avons vu, s'achètont de vieux
pneus pour fabriquor des semelles et parfois même des sandales.
L'artisan achète donc quand il peut ot où il peut une
matière première de qualité inégale, le plus souvent médiocre, car
ses moyens sont réduits.
- 46 -
en aval do la production; la commercialisation des
produits •
Seules quelques boutiques nationales ou privées (25)
drainent les produits artisanaux présentant un certain intér~t artis
tique et folklo~iqU8. Comme nous Itevons déjù vu, elles ne reçoivent
qu'une infime partie de la production loméenno.
Quelques commerçants Yoruba redistribuent les pagnes, objets
de cuirs et bijoux dont ils ont souvent fournis la matière première.
Quelques uns vont de rues en rues avec leur charga~ent de pagnes
bigarrés sur la t@te, d'autres se rendent sur les marchés du pays,
d'autres encore se chargent d'exporter une partie de la marchandise
vers les pays voisins.
Mais pour l'essentiel de la production, il n'y a pas de
circuits commerciaux organisés (26). C'est l'artisan lui-même qui
doit tout d'abord attirer la clientèle, laquelle est irrégulière Dt
le plus souvent insolvable, ce qui ne fait qu'accrottre ses diffi
cultés. Le découragement l'emportant sur l'esprit d'initiative,
l'artisan pour lutter contre la concurrence et ne pas perdre ses
clients en arrive à vendre à crédit voire m@me à perte. Les prix
varient donc d'une échoppe à l'autre; ils so font à la "tête du
client" et en fonction de ses aptitudes à marchander.
(25) Bureau du Tourisme Togolais, Boutiques "Togo à gogo" "Gazelle noire"
(26) Les grandes maisons de commerco, los Libanais, les revendeuses n'interviennent pas dans la commercialisation desproduits artisanaux.
- 4? -
- Pas de comptabilité :
Il est extrêmement difficile d'évaluer la situation éco
nomique des artisans: le plus souvent ils sont méfiants à l'égard
de tout ce qui touche aux chiffres.
La plupart d'entre eux vit au jour le jour, dépensant
l'argent quand il rentra, ayant rarement ln possibilité de fairo
des économies. (2?)
Les méthodes de gestion les plus élémentaires sont ignorées.
Sans comptabilité, peuvent-ils évaluer les gains, les pertes sur
les commandes, sur los rares "stocks"?
Tout cela est aggravé par de nombreuses insuffisancos dans
la formation des artisans. Bon nombre d'entre aux sont incapables
d'établir un devis, d'évaluer, de respecter los délais de livraisons
prévus, d'établir uno factura en bonne et duo forme.
Faces aux produits importés, à leur réseau de distribution,
les artisans sont en position de faiblesse. Des crédits seraient
nécessaires pour lour permettre dl ar.léliorer leurs installations,
leur outillage, et constituer quelques stocks. Or les débouchés de
la production n'étant assurés que de façon aléatoire, les artisans
no sont pas on mesure de respecter les échéances de remboursement.
Le Crédit du Togo (Société d'Etat) évalue que 2 ~~ soulement des
artisans seraient en mesure de le fairo.
(2?) Même lOBsque le bilan de ses affaires est très satisfaisant, tout gain supplémentaire est souvent absorbépar la famille proche et lointaine.
- 48 -
LES DONNEES SOCIALES - Cumment deviant-on artisan ?
Faute d'emplois industriols plus nombreux, l'artisanat en
ville, représonte, pour les migrants ruraux, un moyen de promotion (2S),
une assuranco de trouver du travail, sans avoir de qualification par
ticulière. Mais l'entrée de co mondo est régie par quelques obliga
tions. Le fait do débourser pour faire son apprentissnge, de se
soumettre à l'autorité d'un patron, sont pour le rural fraichement
"débarqué", des signes de sérieux, et c'est confiant dans l'avenir
qu'il se "lance" dans le métier. Cette confiance est-elle bien placée?
Nous essnyerons d'apporter ici quelques éléments de réponse.
(28) Origine sociale des artisans (patrons des atoliers)
D'après un sondage que nous avons réalisé dans le quartiercentral.
Activité des Parents on valeur relative
1-----------------....;;....------------:
Cultivateur
pêcheur
Commerçant
Artisan
Service
60 ra5 0/0
9 '/022 '10
- ,l'~9 -
Le choix du métier
Premier élément fondamental: l'apprentissago est payant
(voir page 10) • Coûts, compêtences particulières des jeunes inter
viennent peu, semble-t-il, dans la choix d'un mGtier car la famille
tient compte, avant toute chose, de l'état de sa bourse. Aussi chercho
t-elle un artisan, procho parent, qui pourrait prendre en charge le
jeune au meilleur prix. Faute de quoi, elle risque de le diriger vers
un métier dont l'apprentissage est de courte durée et peu onéreux.
Ceci peut-il expliquer le gonflement de certaines branches (coiffure,
réparation de cycle, menuiserie et taillerie) ?
Le recrutement des apprentis se fait donc essentiellement
dans le cadre familial et dans la majorité des cas il y a entre le
patron et l'apprenti, soit un lien de parenté, soit un lien ethniquo.
L'apprentissage: les contrats:
Les apprentis sont en général liés à leur patron par un
contrat. Mais il n'existe pas de modèle uniforme malgré les tentatives
du Bureau officiel de la main-d'oeuvre.
On peut diviser en trois types les rapports patron-apprenti.
pas de contrat : Les parents ont confié le jeune à un ar
tisan sans signer de contrat, sans payer. Cette situation peut durer
plusieurs années et le jeuno n'est alors qu'un simple manoeuvre quo
le patron peut parfoi~ loger et nourrir. Pour les parents, c'est un
enfant qui n'ost plus à charge; pour le jeune c'est l'impression
d'apprendre un métier ••• Malheureusement, s'il se contente de son
séjour dans un atelior, pour se mettre un jour à son compte, il
deviendra vite une cible pour ses confrères - ("il nous fait du
tortil ••• ) en leur faisant une concurrence peu rég18mentaire.
- Le "contrat traditionnel" : Le plus fréquent et le plus
simple.
- 50 -
- Le "contrat règlementé " par le Buroau de la main-d'oGuvre
(voir annexe nO 4) au~uel s'ajoute une série de tr~ditions qui ne le
différencie guère des apparences du "contrat tradihonnel" •
Dans ces deux ces, l'apprentissage est paynnt. Pour le
premier surtout, les conditions sont des plus variables par exomplo si
l'apprenti engagé par le patron est un parent de celui-ci ou un "frère"
de la même ethnie, Itapprerltissage peut être réalisé pour une somme
modique, avec des conditiorls de paiement très simples~ Au contraire,
le tarif augmente si l'apprenti est un étranger, l'argent compensant
les liens du sang. Il est Une autre ~ossibilité dG réduire le coût de
Itapprentissago en argent liquide: le remplacer par un paiemont en
travail. L'apprenti devra alo~ séjourner le double de t8mps dans
l'atelier.
A durée égale, le montant de l'apprentissage peut donc varier
pour un même métier (voir tabloau nO VIII). Les liens de parent~
jouent un rôla privilégié, los compétonces do l'apprGnti et la cons
ciencG du patron ne sont pas non plus étrangères aUX "tarifs" pratiqués.
Los cas d'espèce restent les plus nombreux.
Les traditions :
Même si le contrat est règlementé, IGS traditions demeurent
non écrites. Elles fixent los cérémonies qui règlent la présentation
et la libération do l'apprGnti. A ces deux cérémonies, l'apprGnti ou
sa famille doit cffir au patron des boissons variées en général
alcoolisées (29), (sauf pour les musulmans) et dont le prix fait
(29) Une jeune couturière a dû offrir pour sa libération ; unebouteille de whisky, de rhum Saint-Jamos, de cognac Martell,de Cointreau, de Dubonnet, de Martini ot deux boîtes debiscuits, soit pour plus de 5 GOU F L;FA.
Dans certains ateliers où la fête prend une plus grandeimportance et chez de nombreux étrangers, le jeune offreégalement un animal (bouc, mouton ou plusieurs poulots ••. ) •
Fl8marque
- 51 -TABLEAU N° VIII
Exemples de variation des conditions d'apprentissage par métiers.
Le sondage a porté sur des patrons "d'atolior" du quartier central.
- i -Paiement i
.I\ge Duréeen espèce en naturo
Coiffeurs 28 2 ans 3 000 boissons- 28 + 2 ans 2 000 boissons- 27 2 ans 3 000 boissons- 50 2 ans gratuit ( 1j bcissons- 25 2 ans gratuit ( 1 boissons
Bijoutiers 61 4 ans gratuit -- 53 4 ans gratuit -- 50 5 ans payant (?) -- 49 - gratuit (1) -- 48 7 ans gratuit -- 43 5 ans 15 000 boissons- 49 5 ans gratuit boissons- 45 3 ans 8 000 boissons- 42 7 ans gratuit boissons- 42 5 ans gratuit boissons- 39 5 ons gratuit boissons
cabri- 39 + 3 ans 9 000 boissons- 24 4 ans 12 000 boissons- 34 5 ans 4 000 boissons
Tailleurs 51 6 ans gratuit boissons- C~3 5 ans gratuit (1) -- 37 4 ans 5 000 boissons- 36 1 an gratuit (1) -- 37 2 ans 6 000 boissons
- 35 3 ans 7500 boissons- 37 4 ans 7 000 boissons- 34 3 ans 8 000 boissons- 33 5 ans 5 000 boissons- 30 4 ans ? boissons- 33 1 an 6 000 -- 23 3 ans 6 000 boissons
1
Durée et conditions de paiement varient d'un métier ti l'cutre •.•ot pour un même métier.
On remarque quo le paiement de l'apprentissage est assez réoent. Lesartisans qui ont plus de quaranto ans ont appris leur m8tier gratuitement.Les tarifs ont tendanoe à augmenter actuellement •..
(1) Les jeunes qui font enoore un apprentissage, gratuit, le réalise ohoz unartisan de leur famille ou à l'6001e professionnelle.
Il Gst difficile d'établir uno relation entro la duroo et le tarif dol'apprentissage.
- 52 ...
souvent plus que dcubler le montant de l'apprentissage.
Dans de nombreux ateliers ct plus particulièrement pour
certains métiers, le jeune doit faire les preuves de ses compétencGs
devant son patrûn et les représentants de sa famille, avant de recevoir
son certificat de fin d'apprentissage (voir annOxe nO 5). Los futurs
tailleurs font une démonstration d'assemblage. Les jeunes dactylo
graphes tapent leur cortificat qu'ils fcnt ensuite signer à leur
patron. Mais il ne s'agit pas de réaliser un "chef-d'oeuvre", l'opé
ration est purement symboliquo. LB jeune est toujours libéré s'il a
payé; les refus sont rares.
Souvent l'apprenti se doit do remercier son patron en lui
offrant six mois de travail après sa libération.
Pour le patron l'apprentissago est source de revenus, l'occa
sion d'amplayer une main-d'oeuvre rentable. Il risque donc de prendre
beaucoup plus d'apprentis qu'il ne peut valablement en former; il los
emploie souvent à toutos sortes de tôches (courses, ménage, commissions
diverses ••• ) qui n'ont rien à voir avec le métier que le jeune est
[lourtant là pour apprr.mdre. Duns ces conditians, plus d'un apprenti,
même s'il a satisfait aux exigences du contrat, ne peut se prévaloir
d'avoir reçu une véritable formation •
• Le contenu de l'apprentissage:
Beaucoup de jeunes se fient à la durée de l'apprentissage et
aux sommes d'argent qui ont dO être versées pendant ce temps, pour
croire qu'ils sont devenus, ù leur tour, des artisans confirmés.
L'argent, la rigidité de certains contrats sont loin pourtant de
fournir une garantie valable. Les conditions dans lesquelles l'appren
tissage s'est déroulé, en font des artisans médi.ocrus. Seuls quelqu8s
sujets exceptionnels, ceux qui ont fait des stages complémentaires ou
appris leur métier dans une école professionnelle, connaissent vraiment
leur métier. Mais malgré leurs compétences, ils ont beaucoup de mal
à émerger de la masse.
- 53 -
- L' G.fJercntisso.ge "tro.ditionnel "
Dès le dépo.rt,les chances d'civolution et de promotion des
artisans sont minimes. En effet plus de la moitié des patrons est
il16trée, ou Q un niveau d'études très bas; à peine 10 ~ d'entre eux
ont atteint le certificat d'étudos. Pour certains métiers (photographes,
méc3niciens, dépanneurs radio et appareils 31ectriques), le pourcentage
est plus élevé : 20 à 35 in sont en possession de ce diplôme. Mais trGp
d'activités tolèrent une proportion d'illétrés importante (forge,
menuiserie et taillerie). Les apprentis dont près des trois quarts
sont originairos des zones rurales ne sont guère plus instruits.
(]n ne s'étonnerc. donc pas si tout ce qui concerne la gestion,
la conduite des affaires, les finances n'est jamais abordé à de raros
exceptions près,si la formation théorique est inexistante. L'o.ppren
tissage sur le tas constitue l'essentiel de la formo.tion de l'apprenti.
Sous la. conduite du patron, secondé par le "major" (doyen des epprentis)
les jeunes apprennent les techniques et les gestes à force de les
voir '0' tant bien que mal, ils finissent par savoir utiliser tous les
outils de la profession; aucunG initiative ne leur ost accordée.
Cette formation empirique est insuffisante. Des enquôtes
sérieuses de la J.O.C (30) ont dénoncé les scandaleux rapports qui
existaient entre le patron et ses apprentis. Certains patrons y sont
accusés de cacher à leurs apprentis une partie des techniques et des
"trucs" de leurs métiers.
L'appnentissage est factionné et le jeune, à l'expiration de
son contrat, Q souvent une formation amputoe (voir en annexe nO 4), le
contrat d'apprentissago d'un tailleur) •
(30) Jeunesso ouvrière chrétienne.
- 54 -
" L'apprenti à l'expiration de son contrat devra faire un
nouveau stage s'il désire être titulaire d'un cahier de coupe" •.•
Certains tailleurs sont accusés d'aller se cacher pour couper et de
n'apprendre que l'assemblago ues différentes pièces •..
Les jeunes qui se sont fiés au sérieux du contrat, n'ont
pas toujours la possibilité d'êtro critiques, de comprendre que la
fin do l'apprentissage n'est qu'une étape, que la véritable connais
sunce du métier ne viendra qu'avec sa pratique.
Voyages et stages de perfectionnement :
Quelques artisans déjà -évolués" et assoz lettrés ont pu
bénéficier de bourses offertes par les ambassados pour faire des
sàages de perfectionnoment à l'étranger soit dans des ateliers de
mécanique ou dans de petits ateliers.
D'autres ont acquis leur métier au cours de voyages
Voici un exemple, extrêmement rare, d'un artisan de la
vieillo génération qui a compris que son métier n'avait pas de fvon
tières :Cet homme, originaire du Nigéria, musulman, ost âgé de plus
do soixante ans. Il a voyagé "pour apprendre et se perfectionner".
Tantôt commerçant, tantôt manoeuvre à bord d'un navire qui reliait
l'Afrique à l'Europe, il Cl également séjourné chez de nombreux ar
tisans pour connaître leurs techniques.
Au Tchad, il a appris le travail du cuivre, au Mali celui
du cuir et en particulier la confection des poufs. Au Congo, puis en
Guinée il s'est initié aux secrets de la forge, en Côte d'Ivoire il
c. dû renoncer à apprendre à sculpter l'ivoire ("c'était trop diffi
cile ll, certainement parce quo son séjour fut trop court 1). Au
Congo encore, il a appris chez un Ilfrère Il à broder.
- 55 -
Au cours de ses voyages, il Q appris ou du moins compris de
nombreux métiers (cordonnier, vannier, tailleur, tisserand, brodeur,
forgoron), ce qui l'autorise à se faire appeler vannier-d6corateur,
do réussir quelques beaux ensembles, d'avoir une clientèle variée
allant des ministères aux simples particuliers, en passant par les
boutiques d'objets artisanaux.
Nos enquôtes nous ont éclairé surtout sur la formation des
artisans, les rapports entre patrons et apprentis, mais nous n'~vons
pu savoir que peu de choses sur les relations entra les artisans, en
particulier entre ceux d'un même corps de métier.
• Les associations artisanales •
Dans l'ensemble, les artisans se santent isolés, mais ils
préfèrent la passivité et le salut individuel nu salut collectif.
Pourtant en 1961, un "plébiciste" au sujet dos coopératives avait
emporté les faveurs d'un grand nombre d'entre eux.
~!ous n'avons pu réévaluer leur rêponse, mais il semble que
daQs de nombreux cas les tendances se soient renversées. Nous avons
très souvent eu l'explication : "Les coopératives, ça ne march8 pas"
"il y a de la trichorie" • En effet les expériences dans ce domaine
ont été un échec, nous ne parlerons que de celui de Lomé.
La COMAT (Communauté Artisanale du Togo) fondée 8n 1960 à Lomé par un
groupe de jeunes sur l'initiative de la J.O.C. n'a pas apporté
d'espérance. Elle s'est montrée incapable de résoudre les problèmes
d'apprentissage et de chômage des jeunes artisans. Faute d'Une bonne
organisaticn, d'une soinG gestion, elle se heurte à de graves
problèmGs financiers.
Quant aux associations diverses, elles connaissent le même
détachement de la part des artisans.
-56
Jusqu'en 1961 existait la Confédération artisanale du T~.
Régie par un décret du 7 Août 1944 (donc sous l'administration
coloniale), cotte confédération 88 disait apolitique. Elle avait pour
devise : Travail-Conscience-Patrie.- Ayant cessé 585 activités en
1961, après l'ind8pendance, rien ne l'a remplacée. Les artisans
mentionnent do façon très imprécise qU8lques associations néu-religiouses
~corporatives où l'on se réunit pour fixer les prix et parler de ses
difficultés. (Ce sujet gagnerait à ~tre éclairci).
Parallèlement, le Bureau de la Main-d'oeuvre par des réunions
annuelles tente d'intéresser les artisans aux problèmes particuliors
de leurs métiers, en définissant les conditions d'apprentissage •.•
afin d'éviter le morcellement, l'éclatoment et la crise qui ruine 10
monde artisanal.
L'artisanat s'inscrit dans un systèmo économique traditionnel.
Il s'oppose au secteur moderne par la vétusté des moyens techniques
utilisés et par la faiblesse des revenus qu'il procure. Sa finalité
est essentiellement do produire pour vivre. Avec toute une série do
métiers batards du commerce et du bricolage, il apparait comme un
"secteur refuge" (31) pour tous les sans-emplois et semble puuvoir
répondre facilement aux dem~ndes on raison des facilités d'implan
tation et du faible capital qu'il exigo puur débuter (32).
(31) Expression empruntée à Denis LAMBERT dans l'urbanisationaccélérée de l'Amérique Latine et la formation d'unsecteur tertiaire refuge.- Civilisations, Vol. XV N° 3, 1965.
(32) Problème abordé par PL. BROCArlD et C. BURLAZ (voirbibliographie) •
- 57 -
TnorsIErViE PARTIE - PADBLEMES ET PEF;SFECTIVES D'AVENIR -
Nous venons d'entrevoir une société sans cesse accrue par
la libération de nouveaux apprentis, régie par des traditions, mue par
la routine; une société dont les membros se tournent le dos, mais où
tous sont d'accord pour dire qu'il y n des difficultés.
N'ayant pas eu IG possibilité d'analyser statistiquement
leurs réponses, on peut néanmoins tenter de les classer et de retenir
celles qui sont les plus représentatives de l'ensemble.
CHA.PITRE l UNE CRISE OE.L'AHTISANAT
- Le témoignage des artisans
Les artisans de Lomé ne cessent de se lamenter sur leur sort.
ales difficultés! ••• ne manquent jamais" nous disait avec
dignité mais non sans ironie un artisan Yoruba.
Comment résumer co sentiment général :
"Avant ça marchait •.. maintenant rien ne va ••. depuis les années
cinquante, mais soixante surtout".
"Il n'y a pas de clients, pas de travail, pas d'argent. Le métier est
trop dur" •
Tous se plaignent. le "Pas du tout, au contraire, c'est la
joie! " d'une couturière constitue l'exception qui confirme la règle.
Femme de fonctionnairo, ayant une vingtaine d'apprenties, elle vit
dans l'aisance et n'a pas de soucis d'argent. La couture est son
royaume, elle n'a jamais connu les difficultés de tant d'artisans à
leur début. EllE) n'est pas "assaillie" par une famille nombreuse.
Tous les artisans se lamentent des plus vieux aux plus
jeunes; d'un métier à l'autre, leur complainte est identique.
• Pas de travail
Dans une échoppe sombra, un bijoutier nettoie quelque
contrefaçon de pacotille. Au coin d'une pièco, assis sur un petit
-58-
banc, un cordonnier l'egarde la lumièru du soleil qui pénètre par la
porte étroite. Il n'a pas de travail. Quelques vieilles sandcles sont
empilées. Il les a réparées. Jamais personne ne viendra les chercher.
Il est agé. Il y a des annéos qu'il n'a pas fait une sandale. Ses
clous ont rouillé Curieux "fossile" que cet hnmme résigné!
Quelques rues plus loin, un tailleur se plc:i.nt. Il n'ava.it
plus de travail et Q été obligé de quitter son atelior pour se luuer
chez un frippier pour 240CJ à 3000 F CFA mensuels; c'est la m::-,itié du
montant du SMIG, mais que faire d'autre?
Un menuisier, âgé de soixante ans, confie "avant on avait
assez de clients, maintenant, non, à cause du nombre des menuisiers
à Lomé" •
Les jeunes se lamentent ég~ement. Vers vingt ans ils
viennent de terminer leur apprentissage. Quolle solution choisir?
Ce n'est pas toujours le métier qu'ils viennent d'apprendre qui
pourra les nourrir.
• Des c@nts sans argent :
Avoir du trùvail ne suffit pos. Les clients sont dépeints
par l'artisan sous les traits J.es plus noirs: néglig8Qts, avarGs,
impécunieux. Du coiffeur au tailleur C'Gst la même complainte: "ils
ne paient pas" !
"On fixe les prix avant 11] travail, mais le client nG les
respecte pas; il y en a d'autres qui ne nous paient pas et nous
tournent d'ici et de là" ! déclarait avec amertume un petit coiffeur.
Pis encore, lorsqu'il s'agit d'une commande ou d'une simple
réparaticn. Le client ne revient plus. Ainsi, forgerons, blanchisseurs,
horlogers, tailleurs surtout, vouent aux gémonies ces "clients (qui)
ne paient pas et (qui) ne viennent pas retirer les objets commandés
ou réparés" , ou qui "savent trouver l'argent pour le tissu, mais pas
pour la confection " •
Plus d'un artisan se retrouve avec un avoir de bijoux,
montres, vêtements qui s'entassent dans des coffres depuis parfois
une dizaine d'années !
- 59 -
en se demanda alors que font les clionts qui ont laissé uno
commande choz un tailleur sans l'honorer depuis dix ans. Ils ont
perdu le tissu, et, pendant co tomps, ont dû c~ng8r do tailleur
L'observateur eurupéen est assez désarmê devant cette 8trrmg3
"guerre de positions" que se livEent l' artiscn et son client. ;,',ais 10
premier qui "bougo", joue perdent. Le marché est conclu dans les mêm8G
termes que prévu, si la client se dérange le premier, (JU à la défaveur
do l'artisan, si celui-ci à court d'argent vient on réclamer. Belle
illustration d'un marchandage qui peut durer bien des annéss.
Manque do fonds et difficultés du métier :
Nous pourrions aligner une foule de dGléances démontrant
qu'il n'y a pas de client, ou que ceux-ci sont 10 source de nombreuses
difficultés, en revanche les plaintos concernant les mauvGises condi
tions de travail sont pou évoquéos. Les artisans invoquent en troisièmo
position le manque de fonds.
Tous ces facteurs sont liés et interfèrent.
- L'EVOLUTION ECONOMIQUE ET L'ARTISANAT -
• Une concurrence très vive des produits importés :
Nous l'avons déjà vu, depuis ces dix derni8res ennéos, les
transformations économiques se sont accélérées, avec l'indépendance
et l'instauration d'un certain libéralisme douanier. La concurronce
des produits importés est particulièrement insoutenable pour les
métiers de création.
Les tailleurs los plus qualifiés de Lomé redoutent le "prêt
à-porter" vendu par les grandes maisons de commerce et en pürticulier
les lots de chemisettes et shorts importés d'Asie dont le prix est
à peine égal au cinquième (33) de ce qu'ils peuvent réclamer.
(33) En 1969, la Cie Hollando-africaine vondait des shorts à75 F CFA et des chemisettos à 10U F CFA.
- 60-
Les tailleurs, dont la clientèle est la moins exigeante, se plQignent
car leurs clients trouvent des effets encoro moins chers chez los
frippiors.
L'importcnce de l'exode rural contribuo à l'aggravation do
la situntion. L88 jeunes ainsi "débarqués" en villa, viennent engorger
les ateliers artisanaux dans l'espoir d8 trouver du travail alors que
los dêbouchés sont déjà nuls (34). Ils no font qu'augmenter la concur
renco des nrtisans entr8 eux. La ville compte trop d'artisans pour
les potentialités dù marché.
Les bouleversements économiques et sociaux n'ont pas été
totalement défavorables à l'artisanat puisqu'ils ont permis son
évolution et sont à l'origine de l'apparition des activités de
services. Ces activités sont peu concurrencées par le secteur moderne
de services qui est encore peu développé et dont les prix sont, nous
Itavons vu, trop élevés.
Pourtant los réparateurs divers se plaignent.
Inadaptation de l'artisanat à l'économie moderne
Pour ces métiers derniers nés, le problème est le même que
pour les métiers "traditionnels" de création. Il y a trop d'artisans
pour un méJ.rché restreint. Par ailleurs, nous l'avons remarqué en
étudiant les données techniques et sociales de l'artisanat, quel que
soit le secteur considéré, routine et traditions l'emportent. De plus
Ce problème est abordé par A. HAUSEi 1 dans sa communication(voir orientation bibliographique).Pour les 5900 demandeurs d'emploi qui se sont inscrits auservice de la main-d'oeuvre, à Lomé en 19G9,
les principnles professions demandées sont
Employés de bureau 16 %Artisans ouvriers 55 ioManoeuvres 20 10 •.•
- é.1 -
en raison do la vénalité do l'apprentissage, on observe une dégra
dation do la profession, un manqua d'exigence de nombroux artisans
vis~~-vis du travail et de leurs apprentis.
GBrtains artisans, maitres en leur spécialité, se plaignent
que certainS s'établissent et galvaudent le métier.
Le mécontentement est général. ~ais quelle catégorie socia18
au monde ne se plaint pas de son sort? Ces revendications s'appuient
souvent sur un passé mystifié ("avant ça allait"), mais qui n'était
probablement pas aussi "rose" que aes témoins veulent bien l'affirmer.
Devant cette situation néanmoins alarmante, quelles sDnt les
réactions des artisans? Comment voient-ils l'avenir? Quelles sont
les propositions des pouvoirs publics ?
CI-V\PITRE II - LES REACTIONS DES MTISANS DEVANT LES DIFFICULTES -
Tous les artisans ressentent la fragilité et l'inadaption do
l'artisanat, qu'ils attribuent à des causes extérieures. Dans ce
climat d'incertitude, ils ne croient plus aux valeurs traditionnelles
de l'artisanat (indépendance, gagne-pain) et, devant les difficultés
qui ne cessent de croître, ils recherchent à tout prix la sécurité.
La ré.action la plus fréquente est celle qui consiste à
renier son métier et à envisager une éventuelle reconversion.
• Le reniement : changement de statut ou voyages :
Les Togolais en général envient tous ceux qui ont un emploi
stable. Beaucoup envisagent, sans réalisme, ni conviction, de changer
de métier. Les moins hardis souhaitent devenir manoeuvres. Les Gutres
désirent entrer dans l'administration comme planton, gardien de nuit •..
ou mieux si leurs maigres diplômes leur permettent.
- 62 -
En général, les artisans ne sont pas trop ambitieux (il leur
serait d'ailleurs difficile de l'être) pour le nivoau de l'emploi; ce
qui les attire est avant tout la stabilité.
Un tailleur qui se fait exploiter par un frippier confie
qu'il préforerait "chercher un autre métier, comme employé dans une
ambassade ou une boutique" •
D'autres déclarent: "si ça. continuo" ••• ils abandonneront
leur métier "pour être petit commerçant (35) ou manoeuvre quelque
part et gagner ainsi (leur) pain de chaque jour" ou bien "pour trouver
une place dans l 'administraticJn".
Les artisans sont conscients des difficultés qu'''il y a à
trouver un emplui. Ils ne semblent pus croire tellement à ce qu'ils
disent: beaucoup situent le changement dans un avenir vague et
lointain. Peu cherchent effectivement un autre emploi.
Les étrangers, nO~îmment los Yoruba, qui ont une grande
facul té d'adaptation et qui sont vuyageurs dans l'âme, ont on
général la ressource d'aller voir ailleurs et de changer de métier
s'il le faut. "Si ça ne va pas, on irQ dans un autre pays! Patienco".
"Au ïogo ça ne marche pas : je vais retournor au Nigeria" (où à
l'époque de l'enquête tout n'allait pas pour le mieux).
Mais baîucoup d'artisans n'ont pas le courage d'abandonner
leur métier ou n'en sunt pas capables. Il s'agit en particulier dos
vieux artisans pour lesquels une reconversion n'est pas envisageable.
(35) Le commerce ost plus rarement évoqué car il représenteégalement une certaine part d'insécurité.
-63-
• Fatalité - Fleligiosité •
Certains, donc, se replient sur eux-mêmes gardant une
ospérance plus ou moins fondée.
"Je veux rester chez moi en paix, si je trouve à mang8r ou
non tant pis" avoue un horloger de soixante ans.
"Je prie Dieu de m'aider à trouver de quoi manger cœque
jour et de pouvoir ainsi élever ma pauvr8 famille ll••• ou bien
"Patience! Dieu 18 f8ra Il confient quelques artisans catholiques.
D'autres, avec plus d'humour, mais pas plus de réalisme
cherchent ailleurs les solutions : un blanchiss8ur se propos8 de
flatter "tout doucemont" ses clients pour qu'ils le paient un pf::)Ui
Un coiffeur II cherche 10 moyen d'améliorer son üt81ier par la lot8riG
tr:Jgolaise Il 1
Les secours du Gouvernement
Rares sont les artisans qui émettent le souhait de rocevoir
une aide de l'Etat ("Si le Gouvernemont pouvait nous subventionner,
on pourrù.it améliorer nos ateliers ll), le plus souvent, suivant leurs
idées politiques et leurs origines, ils l'accus8nt, bien à tort, d'être
responsable de la crise ou d'être incapab18 de la résoudre.
Les artisans sont en général très individualistes et refusent
la créaticn de coopératives.
Attribuant leurs principales difficultés à des facteurs
extérieurs et n'ayant pas les moyens intellectuels et financiers pour
s'en sortir, ils se réfugient dans le passé, fuient la réalité ou se
résignent.
CHAPITRE III QUELQUES ESPOIRS -
-~-
La volonté réelle de quelques artisans d1 émerger, la r6ussito
de quelquos autres, les propositions dos experts, sont autant de
signes d'espérance qui doivent enfin retenir l'attontion.
T Des artisans hors classe
Au cours de cette étudo ila été mentionné quelques sujets
exceptionnels. 11 faudrait encore citer tous les artisans qui sortent
du rang, soit par la qualité et la diversité de leurs productions,
soit par leur esprit d'initiative. Leur nombre est restreint ; il
s'agit de :
- quelques bijoutiers sénégalais réalisant essentiollemont des
bijoux en filigranes d'ur ou d'argent pouvant convenir à une clientèle
aisée et notamment aux étrangers et touristes.
- quelques tissérands dont le nombre (neuf) suffit tout juste à
satisfaire la demande locale. Ils fournissent des pagnes aux chefs
traditionnels et aux notables, et quelques bandes finement tissées et
assemblées aux touristes.
- d'une ou deux couturières dont l'originalité et le sérieux sont
mentionnés à titre d,exemplo dans le5 journaux (voir en annexe N° 6).S'agit-il d'une véritable tentative de promotion de l'artisanat, ou
d'une publicitô déguisée 7
Outre ces quelques modèles, il faut mentionner, pour
l'exemple, quelques jaunes menuisiers de la J.U.C. représentant de
toutes les régions du Togo, et qui se sont associées pour surmonter
les difficultés que rencontrent tant d'artisans (voir annexe N° 7).Cette association toute récente a de bons atouts: son état d'esprit
ln formation
sérieuse de quelques
uns de ses membres.
Elle devrait pouvoir éviter les erreurs qui ont conduit la CO~;T à
l'échec: sa trup grande importance (elles rassemblaient des artisans
de sections diverses, un menuisier, deux forgerons, un mécanicien
- 65 -
et un soudeur).
Tous ces exemples donnent à penser que l'artisanat est encore
appelé à évoluer, qu'il cherche encore sa voie. Hormis les services, il
s'oriente vers une production originale, fantaisiste et luxueuse, qui
ne s'adressera plus à la même clientèle.
Les pouvoirs publics souhaitent promouvoir ce secteur et
revaloriser l'ensemble des professions artisanales.
- Les propositions des experts
M. HAOZI dans son mémoire (36) insistait en conclusion sur un
certain nombre de points :
"établir une coordination entre les mesures à prendre pour
promouvoir l'artisanat et les dispositions du plan général de dévelop
pement" •
"créer un cadre juridique à l'artisanat"
·organiser des systèmes communautaires lJ
"créer une élite artisanale qui pourrait exercer une influence
stimulante sur la production artisanale"
Les experts du B.I.T. (37) insistent également sur la nécessité
de valoriser l'artisanat urbain, et tout particulièrement en classant
les artisans à la suite d'un examen dirigé par des représentants quali
fiés de l'enseignement technique et par des chefs d'entreprises de le
profession déterminée - en deux catégories "artisan" et "ma1tre-o.rtison lJ•
Cette qualification devrait ~tre affichée à la porte dos
ateliers, ce qui éviterait toute concurrence déloyale.
(36) Voir bibliographie
(37) Voir bibliographie
- ffi -
Les experts souhaitent également quo cotte valorisation soit
parfaite et que l'on organise des stages de recyclage et do perfec
tionnement des meilleurs artisans, en collaboration avec llonseigncroent
tGChnique.
Tous ces projets suppùsent que soit réorganisé le service de
l'artisanat au ministère, que de nouveaux organismes de formation, de
financement, de crédit soient créés ••• que des crédits soient débloqués
pour la mise en route de ces projets et de ces réformes.
Crédits et moyens étant acquis, on peut se demander quelles
seraient les conséquences de l'évolution souhaitée. Les artisans peu
qualifiés, qui seraient rejetés, ne risqueraient-ils pas de venir
gonfler tous les petits métiors ou bien d'accro1tre ln masse des chûmuurs
mottant en péril la stabilité économique et suciale du pays ?
67
- CONCLUSION -
Lors do notre séjour à Lomé, un certain nombra de sujets
avait retenu notre attention pour l'intérêt géographique qu'à dos
degrés divers ils présentaient
- La croissance de la ville et notamment l'extonsion des quartiers
périphériques vers le plateau de Tokuin et en direction du port.
Le commerce, apanage des femmes.
et enfin l'artisanat omniprésent dans le paysage urbain qui a
finalement emporté notre préférence pour les raisons que nous
avons déjà exposées.
Ce travail n'est qu'une première approche. C'est plus une
étude linéaire, une présentation des différents phénomènes que n:.Jus
avons observés, qu'un véritable travail de réflexion et de synthèse.
Si nous sommes un peu déçue par les maigres découvertes
auxquelles nous sommes parvenue, en particulier puur les objets
artistiques, cruellement absents, alors que tant de villes afri
caines peuvent se prévaloir d'une production très belle, les
enseignements que nous tirons sont loin d'être négatifs.
L'artisanat même urbain connait toujours des aléas non plus
climatiques, tels que les ont toujours subis les parents des 3/4 des
"enquêtés", mais sociaux. Il est également soumis à la marne irrégu
larité de travaux que les ruraux, alors qu'ôtre salaria (fonctionnairo,
militaire, vendeur, commis, planton) demeure synonyme de stabilit8 et
de promotion sociale.
A une époque où le rythme de la production s'accélère, jetant
sur le marché les produits les plus divers, l'artisanat ne soutient
plus la concurrence. L'augmentation de ses effectifs amenuise d'autant
la part des bénéfices de chacun, malgré une sensible amélioration du
niveau de vie général.
L'artisanat est arrivé à un seuil critique de son évolution
mais reste encore avec le petit commerce africain un secteur capable
d'absorber une grande partie des nouveaux venus à la ville et des
chômeurs - Pour combien de temps ?
ORIENTATION
OUVRAGES GENERAUX
YAYA WANE
P. SUET
MILTOI\! SANTOS
BIBLIOGRAPHIQUE
Reflexions sur la recherche sociologique enmilieu africain - cahiers d'Etudes AfricainesnO 39 - Paris
L'Artisan Ed Siroy - Paris 1965
L'ôconomie pauvra des villes des pays süusdéveloppés.Cahiers d'Cutremar - Bordeaux Avril-Juin 1971
T 0 G 0 -
H. ATTIGNCN
R. CŒlNEVIN
JK. HADZI
DAHOMEY
Géographie du Togo.(ouvrage polycopi8)
Le Togo • PUF (Que-sais-je n01272) Peris 1967
L'Artisanat dans le duveloppement togolaisDiplôme EPHE (Section sciencos uconomiques etsociales) Paris 1967
Projet de rapport au Gouvarnement de la Rûpublique du Togo sur la situation ot les possibilités de création et d'organisation del'artisanat togolais.(B.LT) - Mission artisanat - Lumé. Janvier Juin 1968
Bulletin statistique N° 6 (Ch.IV - Artisanat)République du Togo - 1966
E. VLASGENKO Population activa et emploi au Togo(uvolution entra 1960 - 1964 - prûvisions pour1966 - 1971)Ministère du Commorce de l'Industrie et duTourisme - LomG i 1967
A. HAUSER Prublèmes pusus par l'évaluation du nombra deschômeurs an milieu urbain en Afriquein colloquas internatiunaux du C N R S
Il La croissance urbaine en Afrique Noire et âMadagasC3.r" raris - 1972(Communication nu culloque internationalorganisé par le CEG E T de Bordalux)
Ville de Lumû - étude d'urbanismeRapport justificatif du Plan DirecteurS M U H • B C E U M- Ministère desTravaux Publics - Lomé 1968
C. BliRLAZPL. BROCAFlD
JJ. SERVŒ-INAT
La croissance urbaine de Cotonou et lasproblèmes de l'emploi - Maitrise de GGographie Paris 1969 - 1970
Rapport sur l'omploi en milieu urbain (B.I.T) Cotonou 1966 - 1967
CARTES
Lomé
(Quartier du Contre)
Situation gunurale
Site et développement de la ville
Les principaux espaces urbains fOensit8 de la population
Les différentes zones d'enquêtes
Répartition g6Hurale des "ateliers"
Ropartition des "ùteliers" par métier N°
RGpartition dos tailleurs et couturières N°
2
3
4
5
6
7
- Menuisiers
- Mécaniciens & rûparateursde cycles
Bijoutiers
(Quartier du centre) - Répartition des "ateliors" par ethnio
ANNEXES N° l QuestionnairG
N° 2 Liste des mûtiers
N° 3 Sûlection manuelle
N° 4 FomulairG d'un contrat d'apprentissage
N° 5 Certificat de fin d'apprentissage
N° fi Articles extraits dG Togo-Presse
N° 7 Engagements
~JO
8
Annexe l
ENQUETE ARTISANAT 1969 - 1970 LDME
Nom de l'Enqu~teur Date
N° porté sur le plan ..............................................................................................................................
Profession .............................................................................., .
l - RENSEIGNEMENTS GENERAUX
l
l
l
1
2
3
Nom et PrGnom
Adresse du domicilG
Adresse de l'atelier
............................................................Tul
............................................................Tél
Région d'origine de la famillo
l
l
l
l
l
4
5
6
7
8
Age
Sexe
Religion
Ethnie
....." .
du grand père
du père
l
l
9
10
Date d'arrivée à Lomé
Migrations et voyages
Ann8e dudéplacement ........~~:~:~~ .. ~~~~~~~~~~~ j
1
.................................................................. · .. · · .. · 1
1.................................. : Il
.................................. ! .
··············1··································
circ. 1 ville11
D'ARRIVEELIEUpays !
!1,
! " .
!,.............,
1,."" , .. !
! ! .
. , ! .. !
1··············1··································· .,! !
REfvlARQUES ................................................................................................................................................
..........., .
.. .
........................................................................................................................................................................
........................................................................................................................................................................
........................................................................................................................................................................
II-
II -
INSTRUCTION
1 - Etudes primaires nombre d'années " "11".' Il Il l''' Il Il Il Il Il Il la Il Il ,. Il Il'' ,. Il Il Il Il Il Il.11 Il Il Il
II - 2 - Dernière classe suivie Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il 1. Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il
II 3 - C. E. P.
II - 4 - Etudes secondaires nombre d'années
II 5 - Dernière classe suivie
II - 6- Diplômes obtenus
II 7 - Cours du soir (précisez)
lI- a - Sait lire et écrire oui 1 7 non 1 7II - 9 - Connaissance du français oui 1 7 non 1 7
de l'anglais oui 1 7 non 1 7autres langues précisez
III
III
III-
FORMATION PROFESSIONNELLE :
1 - Etudes professionnelles : nombre d'années
2 - Nom et lieu de l'établissement
III -
III
3 - Stages à l'étranger
4 - Diplômes obtenus
pays
conditions
III-
III -
5 - Apprentissage
6 - Métier appris
nombre d'années
conditions
Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il la Il Ill' Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il l''' Il •••• Il Il Il
IV HISTOIRE PROFESSIONNELLE
IV -
IV -
1 - Métier pratiqué en ce moment
2 - Depuis combien de temps
IV 3 - Avez-vous des activités annexes :
IV -
IV -
4 - Métier du père
5 - Activités avant
Activités
,Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il'' Il Il Il Il Il Il l''' 1
!Il Il Il Il Il Il •• Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il ,." Il Il !
,Il Il Il Il Il Il " .. , Il Il Il 111., Il Il Il Il Il Il Il Il Il 1
!Il Il Il Il " •••• Il Il Il " .. , , ... , Il •••• Il Il Il Il Il !
Age
,Il Il ,. Il Il Il Il •
!Il Il Il Il Il " Il !,Il Il Il "., Il Il •
!Il Il Il., Il Il Il !
Lieu
,Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il •••• Il Il Il •
Il Il Il Il Il Il Il Il Il "., Il Il Il Il Il Il Il Il ,. Il Il Il !,
III. Il Il ,. Il Il , •• , Il Il Il Il Il Il ,. Il Il , •• , " ••• , 1
!Il Il Il " Il Il Il 1,., " 1,., Il " , ... , Il Il Il III. Il Il !
Durée
III
v - INSTALLATION:
V - 1 - Situation géographique du lieu du travail :
2 - Combien de temps mettez-vous pour vous rendre à l'atelier ? ..
- Comment vous y rendez vous ?
V - 3 - Etiez-vous installé ailleurs avant? (quartier - rue) : .
- Raisons du changement : , ' , 1 ••••••••••••
V - 4 Date d'ouverture du présent atelier : ..
V 5 - Pourquoi êtes-vous installB dans ce quartier ? ..
V - 6 - Pourquoi êtes-vous installé à Lomé ? ..
V - 7 - Nature de la construction :
V - 8 - Nombre de pièces
V - 9
V - 10 -
Installations :
~J'achin8S et outils employés : .
employées : .
VI - MAIN D'OEUVRE ..VI - 1 - Nombre de personnes
VI - 2 - Sont-elles salariées
VI - 3 - Pour les apprentis ..? 1.11 Il Il Il •• Il Il Il Il Il'1 Il Il Il Il Il Il Il Il 1. Il Il Il.11•• ' Il Il Il Il Il Il Il Il 1.11 Il.1 Il Il Il Il Il Il Il l'
durée de l'apprentissage:
conditions de l'apprentissage
QualitéApprentissageNiveaud 1 instructionEthnie88xeAge Lien dE;.
Parenté!-----+---+-----+------!:-----------+--------!-----~----!
! !---- --- ----- ------!------- ------- ---- ----!
! !~--- --- ----- ------! ~---!
---- ---...:-Il----~-----_4_--------_!_------~f__---_+----!! !
------fo-----I-----!! 1
------~--'f_--~~~~-_+----.+-------!
! !~------+-- -~----+--------1 _..._~_.!
i !._~~-- +----·----,I.......--·--·--·!
! !-~---.;-.-_c-----..--I-~---__l_--- ~-!
! ! !----!---·--I
! !~----:----....----......----_.r------~- ---:-----------::------..--!.----_.- -. J
--------f- ---_.....-
IV
VII
VII
PRODUCTION
1 - Destination des objets fabriqués a Réparation 1 1b Vente dirGcte L 7c Revente 1 7d Confection 1 1
1
VII 2 - Nature des objets fabriqués
Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il •••• Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il , .. Il Il Il Il Il ... Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il a' Il Il Il Il Il
matière première (pays et fournisseur)
VII
VII
3
4
MatièrG prGmière
Provenance dG la
utilisée Il Il Il Il Il Il Il.a Il Il.a Il Il Il Il Il Il Il ,. Il Il Il Il Il Il Il Il " Il Il Il Il Il Il •••• 1,., Il e. Il
Il Il •••• Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il'' Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il
VII 5 Stocks Il Il Il Il Il •• Il'' Il Il •••• Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il Il ••
VII 6 Nature des objets réparés
VII 7 Produits utilisés •••••••••• Il 1 •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• " ••••
VII 8 Ecoulez-vous facilement les articles ?
............................................................." " .VII 9 Trouvez-vous facilement des clients ? ..............................................................VII 10 Clients Africains (précisez) L 7
Européens 1 7Autres (précisez) 1 1
VIII
VIII
I:±STIGN
1 Avez-vous une comptabilité?
2 Remarques •••••••••••••••••••••••••••••••••••••• , •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 1 ••••••••••••••••••••••••••••••
, •••••••••••••••• '.1.1 •••••••••••1.1 •••••• Il •••••••••••••••••••••••••• , ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• " •••••••••••••••••••••
le désirez-vous ?
.............. le désirez-vous ?d'une coopérative?
Etes-vous syndiqué ?
Faites-vous partie2
REMAP,QUES
1
IX
IX
IX
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 1, ••••••••• , 1 •••••••••••••• 111 •••••••••••••••• 1 •••••
IX 3 Quelles difficultés rencontrez-vous?
••••••••••••••••••••••• 1 •• 1 ••••••••••••••••••••••••••• 1 ••••••••••••••••••••••••• I •••••••••••••••••••••••••••• à •••••••••••••••••• "., Il ••••••••••••• 1 ••••••••••••••••
IX 4 Réactions devant les difficultés : •• ,1., ,. ~ •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• " ••
,. Il Il •••• Il 1 •••••••• , ••• , ••••••••••••••••••• , 1 •• 1 " •••••••••••••••••••••••••••• , ••••••••••••••••••••••••••••••••• l' •••••1 ,. ~. , •• 1 ••••••••••••••••••• 1 •••111 •••• l'
.11•• 1 •••••••••••••••••••• 1 ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• , ••••••••••••••••••••••• 1 ••••••• 1 ••••• Il 1 ••••• Il •• 1, ••••••••• , ••• , •••• , ••• , •••••••
- Ar\INEXE N° 2
METIERS ARTISANAUX DE LOME
TisserandTeilleur, DrDdeurCDuturièroTapissierCordunnier
HorlogerBijoutier
ForgeronRéparateur de lampesRéparateur de machines à coudreRûparateur de radioRéparateur de batteries et appareils électriques
M6canicienSoudeur - TôlierPeintre automobileRéparateur de cycles - Vulcanisateur
Menuisier - Charpentier
PhotcgrapheGéomètre - TopographeDactylographeImprimeurlielieurPeintre publicitaireEncadreur de photographiesArtiste peintre
CoiffeurBlanchisseurBoulangère
Exploitant de moulin
l
ANNEXE N° 3
SELECTION MANUELLE. ~ .
N0 1 selection positive
-1----1---1-'-- ---- ... -- - ...
SELECTION VISUELLE
t .N° 3 Fi chier optique
~ # / •
Selection negatlve
0
0
0
° 00 0
0 °0 °0 "• 0
0
"o 0
0_0_0_0_0_0_0=-.:0:::-:"0':'O~O~A~ 0... 0 00 DI\.~I06000000
CONTRAT
MJNEXE ND 4
D'APPRENTISSAGE
l
il a été décidé et stipulé ce qui suit :
Entre nous les soussignés B.parent d'une part
Maître-Tailleur à L 0 M E
DANFEI et L. DARTENE
Que le nommétailleur.
B. KOMPIEGNEARTICLE lest admis à l'atelier de Mr.
ARTICLE II
L. DARTENE comme apprentj
ARTICLE III
ARTICLE VII
ArHICLE IX
ARTICLE )(
Que la durée de son apprentissage est fi)<ée à 2 ans, soit du 1er Janvier 1968 au 1er Janvior1970.
Que le montant de son apprentissage est fixé à 6 OQO francs (Avance 3 000 francs) payable deuxfois la moitié au début de l'apprentissage et vers le milieu le reste 3 000 francs.
ARTICLE IV
Que l'apprenti à l'expiration de son contrat fera un nouveau stage de s'ildésire être titulaire d'un cahier de coupes ou patrons (Dessins). Dans ces conditions pour lepremier cas il versera une somme de francs et le second cas il versera une sommede francs.
ARTICLE V
Que l'apprenti doit, durant tout son séjour à l'atelier, l'obéissance, zèle et soumissionaux ordres de son patron.
ARTICLE VI
Que le patron s'engage à apprendre tout le métier de couture audit apprenti la coupe noncomprise.
Que le patron a le droit de licencier ou suspendre l'apprenti lorsque ce dernier fera preuved'insubordination, d'arrogance ou commettra toute autre faute grave.
ARTICLE VIII
Que la radiation ou suspension définitive est prononcée par le patron quand l'apprenti nedésire plus continuer sa profession. Dans ces conditions les frais d'apprentissage calculéssuivant la période du métier appris sont à rembourser par le parent ouau Maître-Tailleur.
Que le parent de l'apprenti est responsable de tout dommage causé par la négligeance del'apprenti à l'atelier. Que le logement, l'habillement et la nourriture de l'apprenti sontà la charge du parent.
Qu'en cas de maladie ou autre question qui empêcherait l'apprenti d'être absent de son service 1
les journées perdues seront répétées selon les décisions de son patron.
ArnICLE XI
Qu'il est fait exception de nourriture et logement qui seront supportés par le patronlorsque ce dernier accompagné de son apprenti à exercer son métier ailleurs qu'à Lomé.
ARTICLE XII
Que lorsque la fin du contrat le parent se serait incapable de payer au Maître-Tailleur lemontant de l'apprentissage convenu, l'apprenti devrait rester en apprentissage pendant undélai de 6 ans.
Lomé, le 17 MAR S 1968
LE MAITRE-TAILLEURLES TEMOINS
S. Fidèle
Signé : Illisible
LE p/\nENT
Signé illisible
APPRENTI
Signé : Illisible
Signé Illisible
P. C. c.
l
A T TES T A T ION=c===================
Je soussigné Mr. A. RAPHAEL Directeur du cabinet d'Agence
Togolaise des Arts et Métiers ( Etudes - TOPO - DESSIN - DACTYLO. )
72, rue d'Atakpam6 LO~'E - TOGO, atteste quo la nommée Mlle G. Faustine
a été élève Dactylographe ( Méthode de dix doigts ) du 30 Octobre 196G
au 30 Octobre 1967.
Cette dernièro a norwalement accompli sa durée d'un an ( 1 an )
d'Apprentissage.
Elle me quitte libre et de tout engagement.
En foi de quoi, je lui délivre cette présente ATTESTATION pour lui
servir et valoir ce que de droit.-
FAIT A LUME, LE 6 NOVEMBRE 1967
DIRECTEUR
Agence Togolaise des Arts et Métiers
Etude (Topo - Dessin - Dactylo )
A. T. A. M.
Le Géomètre
1\. RAPI-lAEL
Lomé - TOGO
Signé Illisible
P. C. C.
"NOUS LES JEUNES"BRODERIE AU
Lu femmea de plue en plus aiment ce demeurant élégantee dans toutss ISIqui ut Iimple, pratique, ce qui leur per- clrcone~ances. C'est pour ces rsllonsmet d'être tOUt il fait il Isur alee tout en que le etyle • Nous lee Jeunes. sfflrme
« La gamme du style nouveau présenté par les néophytes du métier •.
To .... o • Presse ~ardi 23 Septembre 1969
NOUVELLE FORMULE AVEC UNE
POINT DE CHAINETTE
et apprend à tout ce monde à fairecomme eUe.
-
depull plus dl troll anl Ion trlomphl font furlur chez 188 jeunls filles qui eux manchls et au col réhauBII ladanl notre capitale. Il y a quelquee joura avant tout reetent maitreeeee de la tradl- cluee. Très leyante et chic pour leenoue avons traneporté notre curiosité tlon. D'inapiration africaine, les robes grande jours, elle voue plaira certainedanl le modelte atelier de couture de sont coupées dane un tlesu léger (sou- ment mesdemes,Mml AdJonou Vlcentla au numéro 21 dela rue Curie, Maltrllle couturière etbrodeull de profeeelon, Mme AdJonounoui 1 oonqull pa,· la 81mpllolté aVlolaquille elll apprenu • touts une • géné·
Du matin au soir Mme AdJonou coud,brode...
ration. à coudre et li broder. Accueillante, élégante et avec un air de technicienne à la mode, Mme Adjonou nous aproposé toute une série de sa collection.Il s'agit de robes tout à fait modernes, répondant aux exigences du moment. Elles
La. coupe est avant tout trèsImportante. Pour les apprenties une
attention Ilartlculière s'impose
vent en coton) imprimé de motifs assezbanals. Les mélanges de tons sont aussidélicats que ceux des teintures natur~l
les. La coupe est ample et reprise depuisle col par des points de chaînette quidonnent à la blouse un cachet classiqueet citadin. Portant une fente non plus enbiais comme cela se faisait il y a q\lelques années,. mais plutôt devant la poitrine « Nous les Jeunes • nouvelle for-,mule a des manches montées et arrêtéesau-dessus du coude. Une fine broderIe
AVIS ET COMMUNIQUESAUX DIRECTEURS DE GARAGES
Dans le çadre de l'élaboration duprogramme de formation profession.nelle, tous les directeurs de garagesèmployant d~s apprentis en mécac.iqueauto, électricité-auto, tôlerie-soudure etpeinture sont pri.és d'assister à la t'éun:on qui aura lieu le jeud1 26 févrierà 15 heures précises au Service de laMain-J'Oeuvre.
La présence de tous est indispensable.
AI\JNEXE N° 7l
TELIER DES
ELINES
,1ENUISIERS
BENISTES DU
OGO
A. J. M. E. T.
Style confort d'apparteme~t
de bureau ot le bâtiment etc
B. P. 1914
Rue Victor HUGO
LCiME TOGO
ENGAGEMENTS
Art. 10
MM
Il est constitué entra
M. A. Laurent - Jules A. - K. Laurent D. Tabiyi A• A• Laurent
et Léon D.Bruno D.;......;;;..;:---;;..;........;;;,;;.~-;.;;..;.--------
une communauté dite "A. J. M. E. T. "
Art. 2
Art. 3
~rt. 4
Art. 6
Art. 7
Art. 8
Art. 9
Art. 10
Art. 11
Art. 12
Cette entreprise se propose de fabriquer des meubles de tout ge~re, notamment •
La communauté commencue par les sus-nommés avec l'aide de la J. O. C. du Togo
peut accueillir par (suite) la suite en sein d'autres adhérents en cas de besoin.
Il est choisi parmi les mombres de la communauté un Responsable qui devraêtre ou avoir été Un ~tant jociste.
Toute sortie d'argent est signée par 2 membres de la Communauté désignés parles autres camarades.
Un compte bancaire ou chèque postal sera ouvert pour conserver tous lesfonds de la société.
Les promiers fonds de roulement avancés par la J. O. C. devront être petit àpotit remboursés pour servir à créer un autre service jociste.
La solidarité, la bonne compréhension; l'amour du métier sont la base de laréussite de l'entreprise. Chaquo membre doit s'y engager.
La régularité et l'exactitude au travail sont exigés de tous los membres.
Dans l'atelier communautaire, il n'y aura pas de travail personnel. Tous losclients seront reçus au compte de la société par le Responsable ou leDirecteur de la Communauté.
Tous les adhérents s'engagent à assurer dignement et honnêtement les responsabilités qui leur seront confiées.
Un membre dont le comportement sera jugé malhonnête et égoïste peut perdresa responsabilité ou sera sérieusement sanctionné. En cas de faute grave, volou détournement de fonds par exemple, l'intéressé peut être traduit devantle Tribunal compétent de Lome.
Art. 13 Aucun membre n'a le droit de quitter la Communauté tant que les dettes quecelle-ci aurait contractées ne seront réglées à moins que la Communautéaccepte ce départ après avoir délibéré sur sa situation. Cet adhérent quitterapurement et simplement sans rien réclamer à l'entreprise •
.../ ...
.. ./-
Art. 14
I\rt. 15
Art. 16
Art. 17
Art. 18
II
Tous les outils seront la propriété de la Communauté en dehors de ceuxapportés lors de la création de l'entreprise ou ceux achetés ultérieurement~ar un membre pour son propre compte et au service des autres camarades.
Toute décision doit être prise à la majorité absolue. Nul donc n'a le droitd'imposer son point de vue.
A la fin de chaque semaine ou mois, un compte sera fait des revenus obtenusen déduisi.Après déduction des dettes éventuelles et des réserves pour entretien desoLltils et achat de matières premilàros, ce qui reste sera partagé entre tousles membres de la société.
Une caisse ne sécurité pour venir en aide en cas de maladie sera ouverte.
Les apprentis qui seront reçus dans cette Communauté seront traités selon leslois en vigueur et les principes humains de la J. O. C. Il ne leur seraréclamé ni frais de contrat d'apprentissage ni frais de libération.
M. A. Laurent Signé Illisible A• A. Laurent Signé Illisible
A.
K.
T.
Jules
Laurent
D. Jhon
Signé Illisible
Signé Illisible
Signé Illisible
D.
D.
P. C. C.
Bruno
Léon
Signé Illisible
Sign8 Illisible