Randonnées en Terres Catalanes & Comtales · Randonnées en Terres Catalanes & Comtales Tome II...
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Randonnées en Terres Catalanes & Comtales
Tome II
Raymond Matabosch
14.74 511351
----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique
[Roman (134x204)] NB Pages : 182 pages
- Tranche : 2 mm + nb pages x 0,07 mm) = 14.74 ----------------------------------------------------------------------------
Randonnées en Terres Catalanes & Comtales
Tome II Raymond Matabosch
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I
Les Comtats
Historiquement, les « Comtats », scions de la
Marche d’Espagne et de la Gothie, sont les terres du
Comté de Roussillon, de la Vicomté de Vallespir
d’appartenance au Comté de Besalú, et du Comté de
Cerdagne et ses dépendances de Conflent, et de
Capcir.
Jusqu’au Traité de Corbeil(1), en 1258, leurs
seigneurs, les Comtes de Roussillon, de Cerdagne et
de Besalú, et leurs successeurs, les Comtes de
Barcelone puis les Comtes-Rois Catalano-Aragonais,
pour ces terres, étaient vassaux des Rois de Francie.
A cette date, ils furent annexés à la Couronne
d’Aragon, – union dynastique qui a réuni de
nombreux royaumes méditerranéens, du Moyen Âge à
l’époque moderne, et dont son existence est datée de
l’union du Royaume d’Aragon et du Comté de
Barcelone par le mariage de Pétronille d’Aragon et
de Raimond-Bérenger IV de Barcelone, en 1137 –.
Par le Traité de Corbeil, – signé, au château royal
de Corbeil, en Île de France, aujourd’hui dans
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l’Essonne, le 11 Mai 1258 par Louis IX et ses
conseillers ainsi que par les ambassadeurs du roi
Jacques Ier
d’Aragon, mais ratifié à Barcelone par
Jacques Ier
le 11 Juillet suivant –, qui fixe la frontière
entre le Royaume de France et la Couronne d’Aragon
aux Corbières, Louis IX, – Saint Louis –, renonce à
tous droits de suzeraineté sur les comtés de
Barcelone, de Roussillon et de Cerdagne. Jacques Ier
le Conquérant abandonne tous droits sur les comtés
du Languedoc, à l’exception de la seigneurie de
Montpellier qui lui vient de sa mère. La frontière,
passant par les Fenouillèdes, est établie, pour quatre
siècles, en s’appuyant sur le réseau castral des
Corbières et forme une ligne implicite démarquant les
langues d’oc du catalan.
En 1276, jusqu’en 1344, ils furent terres du
Royaume de Majorque, construction politique née, en
1262, au bénéfice du second fils de Jacques I
d’Aragon, le roi Jacques I de Majorque, qui rassembla
outre le royaume de Majorque, – îles Baléares –, les
Comtés de Roussillon et de Cerdagne, la Seigneurie
de Montpellier, – Hérault –, et la Vicomté de
Carladés, – l’actuel département du Cantal –, en
Auvergne.
Les rapports entre Pere III el Gran, l’aîné, et
Jaume Ier
de Majorque, le cadet, tous deux fils de
Jacques Ier
le Conquérant, furent toujours tendus. Le
roi d’Aragon voyait les terres de son frère comme une
verrue dans les siennes, alors que le roi de Majorque
y voyait une entité cohérente.
Dès 1279, Jaume de Majorque dut se reconnaître
vassal de Pere III d’Aragon pour les Baléares et de
Philippe III de France pour la seigneurie de
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Montpellier. Le danger le plus menaçant semblant
être la couronne d’Aragon, Jaume Ier
choisit le parti
de Philippe III dans la croisade d’Aragon de 1284-
1285, menée contre Pere III d’Aragon. Après la
déroute de cette expédition, Pere III confisqua, en
représailles, les Baléares.
En 1286, Jaume Ier
diligente une expédition contre
le principal allié de Pere III au Nord des Pyrénées, le
Vicomte de Castelnou, vassal nominal de Jaume II,
expédition qui se conclut par la prise du château de
Castelnou. L’hostilité entre le Royaume de Majorque
et la couronne d’Aragon se poursuit sous le règne
d’Alfons II el Franc, fils et successeur de Pere III. Ce
n’est qu’en 1295, au traité d’Anagni, que le principe
de la restitution de Majorque et d’Ibiza, augmentée de
l’île de Minorque, est acceptée par le roi Jaume II el
Just d’Aragon, autre fils de Pierre III. Cette restitution
ne fut effective qu’en 1298, et Jaume II de Majorque
dut se considérer vassal de Jaume II d’Aragon pour
toutes ses possessions.
En 1343, le roi Pere IV el Cerimoniós envahit les
Baléares et, en 1344, les comtés de Roussillon et de
Cerdagne réintégrèrent, lors, le giron Catalano-
Aragonais, avec nomination, par Pere IV, malgré les
récriminations de Barcelone, d’un Gouverneur, –
Cronicà d’en Pere –.
Après s’être fait sacrer Roi de France, à Reims le
15 Août et fait son entrée dans Paris le 30 Août 1461,
le premier mouvement de Louis XI fut de profiter de
la crise de succession d’Aragon. Alfons V el
Magnànim, mort en 1458, son frère Joan II el Sense
Fe disputa le pouvoir à son fils le Prince Carles de
Viana(2), héritier en second des trônes de Navarre et
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d’Aragon, qui mourut, vraisemblablement
empoisonné, le 23 Septembre 1461.
Une guerre civile se déclara entre les villes
catalanes, en particulier Barcelone et les partisans de
Joan II. Louis XI, opportuniste, tenta de s’allier aux
États de Catalogne, mais se fit poliment éconduire. Il
se tourna alors vers Jean II, qui accepta, par le traité
de Bayonne, signé le 9 Mai 1462 de lui céder, suivant
les interprétations, soit les revenus des comtés de
Catalogne et de Cerdagne, soit 30.000 florins, gagés
sur les deux comtés du Roussillon et de la Cerdagne,
avec les châteaux de Perpignan et Collioure, en
échange de son aide.
Louis XI ne s’arrêta pourtant pas aux revenus et
prit tout simplement possession des deux comtés. A la
fin de la campagne, il perdit la Catalogne, mais
annexa le Roussillon et la Cerdagne.
Trente ans plus tard, le 19 Janvier 1493, par le
traité de Barcelone, Charles VIII, pour avoir les mains
libres pour ses campagnes d’Italie, et s’arroger les
bonnes grâces, la neutralité, de l’Espagne, rétrocéda
le Roussillon et la Cerdagne aux souverains
d’Aragon : Ferran II el Catòlic et Isabel I de Castella.
Ferran II fortifia la région et fit construire, en un
temps record, en 1497, la forteresse de Salses.
La « Guerra dels Segadors(3) » contre
l’occupation castillane et le « Corpus de Sang »
poussa la Catalogne à reconnaitre, le 23 Janvier 1641,
Louis XIII comme Comte de Barcelone et de
Roussillon. Une armée française fut envoyée en
Catalogne, commandée par le maréchal de la Mothe-
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Houdancourt pour prendre possession de la nouvelle
province, et plusieurs places furent prises.
Au printemps 1642, Richelieu et Louis XIII, bien
que tous deux malades, décidèrent de conquérir le
Roussillon. Richelieu s’arrêta en route mais le roi de
France, s’installant à Saint Estève pour superviser les
combats, prit Perpignan le 9 Septembre 1642.
Richelieu mourut le 4 Décembre, suivi de près par
Louis XIII qui décéda le 14 Mai 1643, laissant la
régence, son successeur Louis XIV n’ayant que 5 ans,
à son épouse Anne d’Autriche qui était flanquée d’un
conseil composé, entre autres aigrefins, de Mazarin et
de Pierre Séguier.
Cette période de Régence fut marquée par des
émeutes, la Fronde. Felipe IV de Habsburg, el Grande
et el Rey Planeta, en profita pour reconquérir les
Albères, puis il s’étendit. Peu à peu, Barcelone fut
visée. La capitale tomba en 1651, abandonnée par les
français. Mazarin, alors, nomma le Duc d’Enghien,
par ailleurs devenu Prince de Condé depuis la mort de
son père, vice-roi de Catalogne avec la charge de
reprendre le siège de Lérida, mais il échoua et la
Catalogne fut perdue, définitivement, pour la France.
Par le Traité des Pyrénées, 06 Novembre 1659, et
ses deux conventions, Céret, – du 22 Mars au 31 Mai
1660 –, et Llivia, – 12 Novembre 1660 –, ils furent
annexés, amputés d’une partie de la Cerdagne, à la
couronne française, prenant nom, Province de
Roussillon, une Province qui, sous Napoléon, lui
amarrant le Fenouillèdes, reçut appellatif de
département des Pyrénées Orientales.
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Ce ne fut qu’après la guerre civile de 1936, en
Espagne, le gouvernement de la République, en exil,
désertant son cénacle, abandonnant ses troupes et ses
combattants à leur funeste destin et, se mêlant aux
réfugiés fuyant les exactions commises par les
belligérants franquistes et Républicains, s’installa à
Perpignan.
Afin de légaliser leur résistance et leur pseudo-
légitimité, ses ministères décrétèrent que cette terre
était fille de la Catalogne et la baptisèrent Catalogne-
Nord, annexe de leur patrie, l’Espagne. Depuis les
catalanistes intégristes, s’emparant de ce toponyme
controuvé, attribuant, définitivement, aux Comtats
cette appellation ignominieuse, les ont déshonorés.
Enfin, parachevant l’acte politique des
Républicains espagnols, en 2004, le Président du
Conseil Régional Languedoc-Roussillon, acte
politique inepte, établit la Septimanie(4), les laissant,
depuis sans âme.
NOTES :
(1) Le traité de Corbeil de 1258 a été signé le 12 Mai 1258 à
Corbeil, entre les représentants du roi Jacques I d’Aragon, –
Guillaume de Roquefeuil –, et ceux du roi de Francie, Louis IX.
Celui-ci renonce à ses prétentions sur la Catalogne et le roi
d’Aragon renonce, – sauf, entre autres, Montpellier –, de son côté, à certaines de ses prétentions dans le Languedoc. Ce traité
fixe la frontière du royaume de Francie au Sud des Corbières,
gardée, côté français par les forteresses de Termes, Aguilar,
Niort de Sault, Quéribus, Peyrepertuse et Puylaurens. Les
chevaliers Olivier de Termes et Raimond Gaucelm de Lunel sont
sans doute les principaux artisans de ce traité.
(2) Charles d’Aragon, ou Charles de Viane, né à Peñafiel en
1421 et mort à Barcelone le 23 Septembre 1461, duc de Gandie
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et héritier de la couronne d’Aragon, prince de Viane et roi
légitime de Navarre sous le nom de Charles IV, était le fils du
roi Jean II d’Aragon et de la reine Blanche de Navarre.
La famille de la seconde femme de Jean II, les Enríquez,
montèrent le père contre le fils pour assurer l’héritage à un fils
du second lit, le futur Ferdinand le Catholique. En 1460, Charles
de Viane fut perfidement arrêté sur l’ordre de son père Jean II.
L’emprisonnement de son fils par la roi déclencha une levée
de boucliers de la part des élites catalanes réunies dans les corts
qui obtinrent la libération du prince et le rétablissement de ses
droits d’héritier.
Jean fut contraint de reconnaître don Carlos pour son héritier,
et de consentir au mariage de ce prince avec Isabelle de Castille,
que la reine Jeanne destinait à son propre fils Ferdinand. Cette
marâtre prévint l’union par un crime : don Carlos fut peut-être
empoisonné en 1461. Isabelle épousa Ferdinand qui devint
Ferdinand II d’Aragon.
(3) La guerre des faucheurs, – Guerra dels Segadors –, est un
conflit qui affecte une grande partie de la Principauté de
Catalogne entre les années 1640 et 1659. Elle prend fin à la
signature du Traité des Pyrénées, entre l’Espagne et la France,
qui accorde à cette dernière le Roussillon et la moitié du comté
de Cerdagne, jusqu’alors parties intégrantes de la Catalogne.
La guerre commença en raison du malaise causé dans la
société catalane par la présence de troupes castillanes pendant la
guerre de Trente Ans, 1618-1648. Les événements de 1640
connus sous le nom de Corpus de Sang, déclenchés par la mort
d’un faucheur et qui conduisent à la mort du Comte de Santa
Coloma, Vice-Roi de Catalogne, marquent le début de ce conflit.
(4) La Septimanie : Région côtière située entre Rhône et
Pyrénées « Gard, Hérault, Aude », colonisée au Ier
siècle par les
vétérans de la VIIe légion. Elle fut envahie par les wisigoths au
IVe siècle qui s’y maintinrent après la défaite de Vouillé en 507.
Les Francs ne soumirent que tardivement le pays, au VIIIe siècle,
qui devint un duché, puis le marquisat de Gothie ou de
Septimanie et, enfin, le Duché de Narbonne au Xe siècle, annexé
aux états de la maison de Toulouse.
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II
Le Roussillon et le Riberal
Le Roussillon, avec la Cerdagne française, le
Conflent et le Vallespir, – de fait les anciens Comtats
amputés de la Cerdagne espagnole, de la Vall de
Ribes et du Barida –, a été rattaché à la France lors du
traité des Pyrénées signé le 7 Novembre 1659. De nos
jours, subsistent encore de nombreux liens avec la
Catalogne.
Le Roussillon.
Le toponyme Roussillon, – une entité régionale
française, appelée aussi région de Perpignan et
Catalogne Nord, regroupant les anciens « països »,
Roussillon, proprement dit, Salanque, Corbières,
Albères, Aspres, Fenouillèdes, Conflent, Vallespir,
Capcir et Cerdagne –, est un terme générique qui
définit une plaine, un antique comté et une province
de culture catalane.
Le Roussillon, d’une superficie de 1.244
kilomètres carrés, se situe à l’Ouest de la Mer
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Méditerranée, au Nord du Vallespir, à l’Est du
Conflent et au Sud des terres occitanes.
Le territoire roussillonnais, basculé face au levant
et borné par un amphithéâtre de montagnes, est une
plaine qui comble la zone occidentale de la cicatrice
tectonique formée par la faille dextre du Sègre et
celles du Tech, du Jardo-Têt et de la Désix-Agly, des
failles graphiant l’axe orographique, du Nord de la
Catalogne, depuis la Seu d’Urgell, par la Cerdagne et
le Conflent, jusqu’à la mer.
Au Nord, les Corbières, collines et buttes
recouvertes par une végétation aux essences de type
méditerranéen, sont, en Pyrénées Orientales, les
derniers contreforts septentrionaux de la chaîne
pyrénéo-provençale. Ce plissement calcaire, au milieu
duquel s’ouvrent de grandes dépressions argileuses et
marneuses, ne dépasse pas les 600 mètres d’altitude et
délimite les confronts entre les plaines du Roussillon
et la Province du Languedoc.
A l’Ouest, le Roussillon butte, d’une part, sur les
massifs cristallins de la Carença-Canigou, – s’élevant
à plus de 2.000 mètres –, et de Quérigut-Millas, situés
déjà dans le Conflent et séparés par la fosse de Prades
colonisée par la Têt, et, d’autre part, sur un
enchaînement de versants pentus et de coteaux qui
s’échelonnent en direction de la plaine et qui sont
appelés, par opposition aux terres irrigables, les
Aspres.
Au Sud, la partie littorale du fleuve Tech marque
la limite territoriale du Roussillon et fait frontière
avec la région du Vallespir qui s’articule le long de
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l’obag des Albères, derniers contreforts orientaux de
la chaîne pyrénéenne.
Morphologiquement et géologiquement, trois
secteurs, parfaitement individualisés, peuvent se
différencier dans les plaines du Roussillon : la basse
plaine, les Aspres et le Riberal.
La basse plaine est une formation alluvio-
sédimentaire qui s’étend, au Nord, depuis le Cap
Leucate, pointe extrême des Corbières, jusqu’aux
prémices, au Sud, du chaînon des Albères et qui vient
fleurer avec Perpignan. Cette façade côtière
n’excédant pas les 30 mètres d’altitude, tient ses
origines des lagunes se formant derrière le cordon
littoral, à cause des courants marins et du travail
inlassable produit par les petits fleuves, l’Agly, la Têt,
le Réart et le Tech.
Les Aspres occupent, entre la moyenne vallée de la
Têt et la basse vallée du Tech, le secteur Sud-
occidental. Avec une altitude moyenne de 300 à 500
mètres, elles séparent les plaines du Roussillon du
Vallespir et elles s’inscrivent, telles une marche
intermédiaire, entre les dites plaines et le Massif de la
Carença-Canigou.
Le Riberal est la partie basse de la vallée de la Têt.
Son territoire de plaine est limité, au Nord, par le
Massif de l’Agly et, au Sud, par celui des Aspres. Le
fleuve, élément naturel, le structure. Ille sur Têt,
Millas et Le Soler, bourgs centres, animent ce secteur.
Le Riberal.
Le Riberal est le toponyme qui a été donné à la
haute plaine alluviale de la Têt.
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Morphologiquement et géologiquement, le Riberal
est la plaine alluviale, fille de la rivière de la Vallée
de la Têt. Il a la forme de langues allongées suivant
les cours fluviaux du fleuve côtier et de ses affluents.
Il s’élargit progressivement jusqu’aux portes de
Perpignan.
Géographiquement, il ne correspond qu’à la haute
plaine du Roussillon ; Il est formé par des couches de
sédiments fins qui se renouvellent lors des
inondations périodiques qui s’y produisent. Cela
donne des terres profondes, souvent fangeuses, à
l’origine des sols fertiles très utiles pour l’agriculture
intensive qu’ils génèrent.
Séparé administrativement et politiquement du
Comté de Roussillon proprement dit, au XIe siècle, il
a été intégré, exceptés les villages de Saint Estève del
Monastir et de Le Soler, après la division de la
Maison de Cerdagne entre tous ses héritiers, à celui
de Besalú qui englobait, en outre, le Vallespir, les
Aspres, le Fenouillèdés et le Peyrépertusés.
Dès lors, sur les rives du fleuve côtier, s’est
développé, jusqu’au XIIe siècle, une société originale
d’irriguants se définissant, par rapport à ses berges,
du nom de Riberal.
Le Riberal s’étend, depuis le Col de Ternera,
séparation naturelle avec le Conflent, par delà Le
Soler et Saint Estève, jusqu’aux portes de Perpignan,
agglomération déjà implantée dans la plaine
roussillonnaise.
Ille sur Têt est la principale ville du Ribéral, mais
on peut citer également Baho, Bouleternère, Corbère,
Corbère les Cabanes, Corneilla la Rivière, Le Soler,
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Millas, Néfiach, Pézilla de la Rivière, Saint Estève
del Monestir, Saint Féliu d’Amont, Saint Féliu
d’Avall, Saint Michel de Llotes et Villeneuve la
Rivière, ainsi que des villages, aujourd’hui disparus,
Barbadell à Bouleternère, Le Soler d’Avall et les
Cases de Sant Pere à Le Soler, Casenoves, Régleilles
et Sant Mauricii de Greulera à Ille sur Têt, Sant Marti
de la Riba de Millars et Sant Genis del Boulès à
Millas et Sant Marti de la Riba de Sant Feliu de vall
et Sant Andreu de Sant Feliu de la Ribera à Saint
Féliu d’Avall.
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III
La Têt et sa vallée
Avec une longueur de 114 kilomètres, un bassin
versant global de 1.417 kilomètres carrés, la Têt est le
fleuve côtier le plus important des Pyrénées
Orientales. Elle prend sa source, à 2.455 mètres
d’altitude, à l’Estany Blau(1), – ou Lac Bleu –, au
pied des Pic du Grand Péric, – ou Pic de Prigue,
2.810 mètres –, de La Cométa, – ou La Coumette
d’Espagne, 2.763 mètres –, et de la Couma de la
Llosa, – 2.763 mètres –, dans le Massif du Carlit, – ou
du Carlitte –. Tout en suivant un axe Ouest/Est, une
faille dextre, elle parcourt la Cerdagne jusqu’à Mont
Louis, traverse le Conflent jusqu’à Rodés où elle
quitte la montagne pour entrer dans la Plaine du
Roussillon et se prélasser en Riberal avant d’achever
son périple dans la plaine d’inondation de la
Salanque, vaste zone déltaïque commune aux bassins
de l’Agly, de la Têt, du Réart et du Tech, entre Canet
en Roussillon et Sainte Marie de la Mer, dans la Mer
Méditerranée.
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Son nom antique, éponyme de la cité sorde puis
romaine de Ruscino, fut « Ruscinon », et le géographe
romain, Pomponi Mela, dans son « De situ orbis », –
ou Chorographia –, une œuvre en trois tomes qui
donne une liste des lieux, des coutumes et de l’art du
monde connu, le mentionne, en 41-44 après J.C., sous
l’hydronyme « Tetis » ou « Telis. »
Le bassin versant du fleuve côtier La Têt.
Le bassin versant de la Têt se subdivise en trois
principaux tronçons. La partie supérieure, de la
source à Mont-Louis, les altitudes dépassant les 1.600
mètres et culminant à 2.921 mètres au Pic Carlit,
territoire de haute montagne resté essentiellement
naturel, comprend de vastes lacs, – estany blau,
estany de la bullosa… –, assurant l’alimentation du
fleuve en période d’étiage. Le régime torrentiel, sur le
plateau du Haut-Conflent véritable territoire de
passage autour de la citadelle de Mont-Louis, est
atténué par la présence de paliers, les plas, – Pla de
Barres –, qui correspondent à des niveaux d’érosion
caractéristique de la Cerdagne.
Dans la moyenne vallée, de Mont-Louis à Rodés,
la Têt coule dans un lit étroit et encaissé entre les
massifs du Canigou et de la Carança, au Sud, et du
Madres, au Nord. Ce couloir naturel, orienté
Ouest/Est, s’allonge sur environ 25 kilomètres entre
Mont-Louis et Ria-Sirach. Tenu sur une largeur de 3 à
4 kilomètres, à l’amont d’Olette, le paysage de la
vallée s’ouvre quelque peu au droit de Villefranche-
de-Conflent, grâce aux petites vallées de la Rotja et
du Cady qui confluent vers la Têt.